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L'Homme bête et son image - Partie 3

  • christophealexisbi
  • 11 juil.
  • 10 min de lecture
Des Hommes bêtes se prosternant devant la double image de la Bête de l'apocalypse - L'Homme bête et son image
Tapisserie d'Angers - La bête en virus cérébral

On marche sur la tête - disent nos anciens. De vieux radoteurs pour les éléments les plus représentatifs des générations du renouvellement perpétuel : les générations Z et les premiers nés de la génération Alpha. Les vieux radoteurs étaient encore respectables pour les générations X et Y. Les parents avaient fichu un sacré bazar dans les années 70, mais certains papis avaient raison…


Un jour, au village, un vieil homme me raconta :

Après la fin du trip, tous sont redescendu de leurs coucous pour retourner au boulot et profiter aveuglément du nouveau circuit de la récompense. Depuis la fin de l’esclavagisme, les politiques ont compris qu’il était judicieux de vendre à l’esclave consentant ce qu’il veut, tant le business plan est bien établi. Et que vous ont-ils transmis ces libertariens de la dernière pluie ? Une idée positive du futur, le sexe, le rock n’roll et les cachetons pour éviter de retomber dans la drogue… Pigeonnés par les trente glorieuses, nous avons laissé faire et ce dont vous avez hérité mes enfants, c’est d’un nouvel asile de fous où le JE est invité à dire tout ce qu’il sait sans savoir ce qu’il dit - et surtout sans avoir à se préoccuper de la maladie mentale qui ronge le NOUS. Un asile de fous hyper connectés mais plus individualistes que jamais, le tout entièrement géré par une intelligence artificielle. La belle affaire ! 


Suivant les baby-boomers (profitant du présent) et précédant les générations Y et Z (résolument tournées vers le futur), la génération X a été la plus impactée par cette inversion d’un monde où l’on marche dorénavant sur la tête. Pour les X, c’est la fin d’une histoire dont on avait retiré les passages les plus compromettants - Adieu le cher pays de mon enfance des darons en fête et des vieux chnoques réactionnaires - mais c’est aussi le chapitre final d’un livre de deux milles pages : une prise de conscience de la page 1970 à la page 1999, très vite noyée dans une dérive de liesses sans lendemain. La génération Y sortait de l’œuf lorsque les X embrassaient à contre cœur l’âge de raison : Adieu Coluche, adieu les guignols, adieu le cinéma d’auteur… Le mur est tombé, la guerre n’est plus froide, mais la compétition n’en sera que plus rude… Le Nouvel Ordre Mondial est inéluctable, prononcez son nom, contemplez le, son image numérique n’est plus une télé ringarde, mais une IA qui diffusera jour et nuit tous les mensonges et les vérités que vous souhaitez voir et entendre. Effets spéciaux et qualité HD en prime ! Pour les âmes les plus sensibles de cette génération X ou pour les esprits qui se posent trop de questions : un programme de réinsertion sous camisole chimique. Et pour tous, un nouveau livre, une nouvelle histoire, un New-Deal, un New-Age, des techniques de bien-être individuel à la carte, une dictature du consommable et une nouvelle apocalypse promise par la conquête de l’espace. Nous sommes en marche, on ne reviendra plus sur le passé ! Un solde de tout compte dans l’univers virtuel des intérêts particuliers, mais une dette bien réelle qui nous faudra payer.


Regardez droit devant-vous, l’image s’anime d’elle-même, le spectacle commence ! Ici vos altérités réciproques sont les bienvenues, elles sont source de profits et si la salle devient trop petite, elles constitueront aussi un régulateur démographique consenti par tous.


Dans un monde à l’envers, on marche sur la tête et les derniers prennent leur revanche sur les premiers…  Une prévision biblique ! Ou un cauchemar Platonicien - Platon qui redoutait une république corrompue par la somme irrationnelle des intérêts particuliers au détriment des besoins communs… Un intérêt général biaisé et une éducation par laquelle les élèves finiraient par passer devant les maîtres. L’impuissance des enseignants affrontant la baisse de niveau et les poussées de violence des derniers-nés de la génération Z et des premiers-nés de la génération Alpha, semble confirmer ces prévisions. Dans le domaine du travail, les employeurs ne contredisent pas : la génération Z inquiète, performante ou non, elle s’affiche sans Dieu ni maître. À l’école les professeurs s’inquiètent : les Alphas les plus faibles en sont au stade du passage à l’acte ! En perte de repère ou au contraire gonflés à bloc par des tendances multiples, ces enfants luttent pour se faire une place dans un univers virtuel où règnent les nouveaux dieux de l’arène. Violence, pornographie, épouvante, vulgarité, moquerie (…), sont de nouvelles tendances qu’il est dangereux d’interdire du côté des enseignants, du moins sans risquer la décapitation sommaire. L’enfant roi est mort, vive l’empereur !

 

Il semble que le pouvoir soit le plus grand complexe de l’orgueil humain, contrarié par les mariages d’intérêt de son génie, de sa volonté arbitraire et de sa force ouvrière.


Qui maîtrise l’énergie et qui possède la puissance ? L’élite ou le nombre ? Qui est le roi – le jeune ou le vieux – l’innocent ou le sachant ? Qui est le dominant –  le féminin ou le masculin ? … Pour ne questionner que la partie émergée des icebergs entre lesquels vogue notre Titanic. À bord de ce navire, nos échanges et nos rapports se réduisent à un jeu d’échecs permanent entre maîtres et esclaves partageant une altérité et une servitude réciproques qui permettent de financer la croisière.


« Voilà qui n’excuse pas ces petits derniers qui se prennent pour des premiers ! » hurle la bienséance. « Un gosse qui se procure une arme et se détermine à tuer un enseignant n’est pas innocent, c’est un sauvage, un barbare, une abomination telle qu’on en avait jamais vu… »


Dans les pays en guerre, dans les dictatures, dans certains actes de résistance, dans la mafia (…) les enfants n’ont-ils jamais été le bras armé du pouvoir et du contrepouvoir ?  Bien que la bonne conscience contemporaine dénie la banalité des maux qui nous rongent, ne sommes-nous pas habitués à la culture du sang depuis le plus jeune âge ? Nous ne sommes plus invités en famille à assister aux exécutions publiques, certes, les guerres sont dorénavant considérées comme « propres » - disons hygiéniques - et les abattoirs ne fonctionnent plus en plein air… La violence se diffuse dorénavant en milieu tempéré : « Mange ta viande sans te poser de questions… Ferme les yeux, ce n’est pas une scène pour toi… Regarde au moins les infos, ça vaudra toujours mieux que les horreurs que tu consomme sur ton portable… Et n’en profite pas pour juger le monde que nous avons bâti, sinon retourne sur ton portable…»


De l’Antiquité jusqu’à nos jours, l’abus de pouvoir et le consentement des autorités dites responsables, n’ont-ils pas conduit à dénaturer toute forme d’innocence ?


Qui est l’autorité responsable ? L’orgueil humain à l’état dit adulte ! L’orgueil humain, s’imaginant maître de sa propre volonté tandis qu’il pousse comme Sisyphe le boulet du libre arbitre – et qu’il profite d’une liberté relative au détriment de celle des autres. L’orgueil humain aliéné par ses propres pouvoirs, qui pense que ses connaissances lui donne les prérogative d’un maître légitime de toute chose, de toute créature ou de tout semblable, plus ignorant ou plus faible. L’orgueil humain dont tous les complexes trouvent leur source commune dans l’échec dialectique, dans l’incapacité à maîtriser le conflit et dans le perpétuel domaine de la lutte qui en découle. En d’autres termes, dans l’incapacité à comprendre et à maîtriser le pouvoir que lui procure son expérience particulière du langage.


Un pantin de bois, qui peine à assumer les illusions et les désillusions de son libre arbitre

Un pantin à l'image de nos folies particulières et représentant les tribulations avant l'apocalypse - L'Homme bête et son image
Pinocchio version apocalyptique

La main de fer avec ou sans gant de velours ? Deux images différentes de la même bestiole...


Hard et soft power font la paire affirment les sociologues, en soulignant l’instrumentalisation de notre penchant manichéen. Dans la réalité, le bon petit diable et le méchant s’affrontent, dans de petits pays qui ont servi de bassins expérimentaux pour les grands patrons des enfers de l’est et du paradis de l’ouest. Les deux faces de ces micros ou macros puissances ont chacun des alliés, des partisans, des ouvriers… Tout comme Adam et Eve, construisant une demeure commune hantée par leur incapacité à s’entendre. Le couple originel est fort probablement l’expression la plus simple de notre complexe de dualité ! L’Homme et la femme ont des enfants, des voisins semblables et des différends… S’ils gouvernent en tant que premiers, chacun aura donc ses alliances et ses forces partisanes. Le premier drame qui découle du complexe « Adam VS EVE » est le fratricide qui les séparera de leur second enfant, tué par le premier avant l’arrivée d’un troisième. Nous voilà face à la loi des nombres et des ensembles : autour de l’un et de l’autre, il y a les autres : de fâcheuses et complexes multiplications et divisions en cas de conflit du couple représentatif, dit originel. La base la plus restreinte de la différentiation propre à l’existence manifestée, c’est le couple formé par deux inverses ou deux opposés. De la même façon, la complémentarité et le conflit constituent la première base de la dialectique. En découvrant la notion de zéro, de neutre, de milieu, l’Homme a pu réinventer son langage, maîtriser la numération des nombres infinis et découvrir la relativité, non sans certaines frustrations. De grands pouvoirs en découlent, des pouvoir qui impliquent de grandes responsabilités !  Mais c’est dans le conflit, la souffrance et l’économie de la guerre que l’Homme a manipulé ces puissances au nom de sa vision particulière du monde. Un jeu d’échec, un moteur de progrès, dont l’issue catastrophique est pourtant prévisible, apocalyptique donc. À ce jeu les influenceurs et les influencés (dualité conflictuelle entre maître et esclaves) reflètent l’obsolescence d’une ère progressiste aveugle, une arène temporelle où les millénarismes, les empires et les nations s’affrontent, armés du pouvoir de l’écriture et donc de la maîtrise des systèmes d’exploitation de masse et des complexes militaro-industriels qui en découlent.  Disons l’expérience d’une tour de Babel qui caractérise une sévère crise d’adolescence de l’humanité. Une humanité possédée par ce qu’elle possède, par les pouvoirs qu’elle découvre et par les moyens qu’elle met en jeu.


De ce point de vue ce n’est pas l’élève qui passe devant le maître, mais l’entité sociale qui échappe à tout contrôle, les asservit tous les deux et les met en concurrence générationnelle… Sans intention particulière, par simple obligation de résultat au nom d’une économie fondée sur le conflit et l’esprit compétitif. L’ancien abuse de pouvoirs mal acquis, le nouveau hérite des dettes et du fardeau du pouvoir et finit par tuer le père – une révolution clé en main, un new deal qui ne l’empêche pas de reproduire les erreurs de ce dernier. De nos jours, passéistes et progressistes ne sont plus seuls dans l’arène, nous assistons à une révolution permanente et à une guerre de tous contre tous.


À l’école ou dans la rue, Abel tue Caïn et le fils tue le père, en version « passage à l’acte » et faits divers ordinaires…


Avant la grande révolution de l’automobile pour tous et des réseaux de communication (système d’exploitation de l’intelligence naturelle et artificielle compris), l’orgueil humain ne disposait pas des mêmes moyens pour satisfaire son ego et s’imaginer quotidiennement au centre du monde, roi tout puissant dans son bolide ou derrière un écran.


« Dorénavant chacun aura son quart d’heure de gloire » pouvaient imaginer toutes les nouvelles stars des seventies, les nouveaux champions de l’arène des jeux, les nouveaux rois du langage informatique … La belle affaire ! Miroir, oh miroir, que ton IA  me dise qui est le boss ! Mais le business a ses règles : seuls les premiers servis et les dents les plus longues bénéficient des places dorées à prendre dans un « new-deal »… Le quart d’heure de gloire ne sera donc pas pour tout le monde.

  

L’aliénation de l’individu et son égocentrisme suicidaire semblent le prix à payer pour tout ce progrès généré par la financiarisation de l’échec dialectique et le jeu du gendarme et du voleur. Ce n’est pas le progrès qui est remis en cause ici, mais la façon dont nous le cultivons dans le déni de la servitude réciproque et bien souvent volontaire, qui aliène l’offre et la demande. Le prix à payer pour toute cette croissance, cette mécanisation productive de l’être, développée à toute berzingue au mépris de l’éthique… Et de nos rapports avec l’Autre, l’Autre sous toutes ses formes - ce qui n’est pas le Moi, ce moi despotique dorénavant amélioré par la technologie et qui s’offre à voir, en tirant profit de l’enfer de ses semblables. Le phénomène est particulièrement illustré par la commission d’enquête parlementaire TikTok, la dernière en date – Un fossé entre deux mondes, une fracture générationnelle entre influenceurs méprisants et députés impuissants. L’impuissance est l’ironie inéluctable de toute puissance mal acquise.

 

L'Homme bête et son image, la bêtise humaine et son intelligence artificielle :


Que pourrais-je faire pour avoir mon quart d’heure de gloire ? Filmer un combat de rue ? Jeter mon chat dans la piscine ? Organiser un car crash ? Poser une crotte au sommet de l’Everest ? Investir dans le New-Age peut-être, dans le coaching de vie positivo-positif… Ou dans la théorie du complot ? Donner des conseils de drague dans la rue à un public de bozos boostés à la testostérone ? Tant de choses ont été faites, pour faire le buzz, il faut reculer les limites de l’impossible ! 


Du pain et des jeux, des jeux surtout, en version 3.0, sang dans l’arène à l’appui et filmé en HD.


Images analogiques, images numériques, images virtuelles, images de soi et images des autres, images  du monde, images de réjouissance, de violence, de pornographie, de violence, de guerre (…), images de marque et images des marques… Lorsque la bête humaine se regarde trop dans le miroir, elle perd le sens du langage dont proviennent pourtant toutes ces représentations du « paraître ». Ces représentations picturales omniprésentes et devenues toutes puissantes n’étant que le fruit des langages du pouvoir et de l’instrumentalisation des pouvoirs du langage.


Après avoir essuyé l’échec de la psychanalyse individuel dans un contexte de maladie collective – disons d’aliénation des masses sous la pression de l’entité sociale - nos éminences grises se retrouvent confrontées aux avertissements apocalyptiques de nos ancêtres et autres constructeurs et déconstructeurs du logos humain. Autrement dit, face aux failles structurelles de notre cathédrale du  langage et de toutes les architectures physiques, morales, culturelles et politiques qui en découlent. Entendons par cathédrale du langage au singulier, cet édifice humain composé par les innombrables variables de nos différences et par les constantes dites universelles révélées par la maîtrise des arts sémantiques et mathématiques.



« Il fut même donné [à la seconde bête] d’animer l’image de la [première] bête, et l’image se mit à parler et elle faisait mourir ceux qui refusaient de l’adorer. Elle amena tous les hommes, gens du peuple et grands personnages, riches et pauvres, hommes libres et esclaves, à se faire marquer d’un signe sur la main droite ou sur le front.  Et personne ne pouvait acheter ou vendre sans porter ce signe : soit le nom de la bête, soit le nombre correspondant à son nom. C'est ici qu'il faut de la sagesse. Que celui qui a de l'intelligence déchiffre le nombre de la bête. Ce nombre représente le nom d'un homme, c'est : six cent soixante-six. » - Jean de Patmos

A propos du nombre : 6 6 6 est un triple ou cube de six (par 3) dont la sommation nous ramène toujours à 9, le dernier chiffre avant les nombres. Il s'agit là d'une des étonnantes propriétés de ces derniers, définis par le système de numération décimal après la reconnaissance du nombre unique et inatteignable zéro. Une diablerie mathématique encore balbutiante sous l'empire romain, puis interdite au commun des mortel durant des siècles d'obscurantisme gouvernés par un Dieu unique et inatteignable - Un Dieu impénétrable qu'il aurait été politiquement incorrecte de réduire à un simple chiffre, compréhensible par tous d'un point de vue sémantique et mathématique !


Et une révolution à laquelle nous devons tous les progrès, toutes les diableries matérielles dont nous jouissons aveuglément de nos jours. Une connaissance au service du pouvoir d'influencer la matière et les esprits... Un fruit non défendu que la nature propose sans intention particulière à l'Humain, mais un fruit à double tranchant : un pouvoir qui implique de grandes responsabilités que nous ne pourrons assumer dans une relation de maîtres sachants à esclaves ignorants et consentants.


Déconstruire et réparer


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