Histoire de pouvoirs - Évolution du langage, emprise sociétale et choc des civilisations
- christophealexisbi
- 21 sept.
- 13 min de lecture

Log, logos, langage, système d’exploitation, image, influence, abus de pouvoir, hermétisme, révélation, apocalypse…
Tous ces mots reviennent en leitmotiv dans mes publications parce qu’ils permettent d’ouvrir des pistes de compréhension des causes « opaques » et des conséquences néanmoins « prévisibles » de notre jeune et orgueilleuse expérience de la civilisation.
Entendons par « causes opaques » les origines rémanentes et les mécanismes complexes qui influent sur le pouvoir décisionnel de l’individu en société - et par « conséquences prévisibles » les issues causales (déterminées) des buts arbitraires que l’Homme se fixe par conditionnement, croulant sous le poids de son héritage sociétal. Le « Je » esclave du « Nous », le « Nous » esclave du « Je », le « Moi » soumis à la puissance du nombre et le nombre soumis à l’indicible et illusoire liberté du « Moi ». L’homme et sa pensée, l’Homme et son verbe - être, avoir, devoir, vouloir, pouvoir (…) conjugués à tous les temps, à toutes les personnes. Un orgueil dans la partie, pris à son propre jeu collectif - « Victime des autres et bourreau de nous-même, bourreau des autres et victimes de nous-même. » Un Homme trop sachant pour être innocent, un Homme trop soumis aux causes qui le déterminent pour être coupable.
Sommes-nous le jouet d’un escape game du type Babel, dont nous serions à la fois les organisateurs et les concurrents ? D’où vient cette oppression qui nous gouverne, ce piège qui se referme au fur et à mesure que nous développons des efforts et des moyens pour en sortir ? Quelle est la nature de ce procès qui accable le commun des mortels, alors que nul ne sait véritablement de quoi il est accusé, ni qui sont les orchestrateurs et les juges de cette inéluctable SOMMATION ?
L’entropie de l’activité humaine, l’état de confusion globale, l’incertitude et la paranoïa ambiante ne composent-ils pas une réalité digne d’un roman kafkaïen ? Un monde dont le Sacré-Cœur n’est plus qu’une entreprise comme les autres, une société de plaisirs où le bonheur n’est plus qu’un accomplissement matériel, un Graal désenchanté et un privilège qui s’offre aux uns, aux dépens des autres.
Dans un conflit de dupes, une farce ultra moderne, premiers et derniers de la classe s’affrontent depuis deux décennies en menaçant l’intégrité de cette fragile institution qu’est l’École : le complotisme, l’anti-satanisme, le catastrophisme et la mangeoire des syncrétismes pour le petit peuple, pour les fous de Dieu, pour les conservateurs sans cervelle et les réactionnaires en tout genre… Et l’aura de la zététique, l’empirisme positif et la technologie Salutaire pour les bons élèves, pour les bienséants, pour les futuristes « en marche » ou pour les protégés d’un paradis où l’argent ruisselle encore. Mais ne nous « Trumpons pas », le conspirationnisme, la grande bataille du bien et du mal et l’apocalypse par les armes ne sont plus les ridicules idiosyncrasies des perdants du Monopoly mondial : à l’Ouest comme à l’Est l’anti-satanisme et le retour de l’Homme providentiel, chef des grandes armées du bien, comptent d’ores et déjà comme un atout politique gagnant, une carte extrêmement populaire, à jouer sur l’échiquier international. Un échiquier sur lequel les perdants d’hier - les derniers - profitent aveuglément de la nouvelle répartition des pouvoirs, attendant leur heure pour balayer les premiers et réécrire l’Histoire. Quelle est cette arme suprême que revendiquent les nouveaux sauveurs de l’humanité, si ce n’est le fruit des « nouveaux maîtres du langage » ? Ces apprentis sorciers que nos ingénieurs ont dotés des armes nucléaires, biologiques et chimiques, sans oublier l’IA et les nouvelles techniques de communication dont nous dépendons tous, sans le moindre souci de ce que le pouvoir des nombres et des particules révèlent réellement ?
Comment libérer la connaissance de cause du déni et la connaissance de la culpabilité, en demeurant les jouets consentants de nos expériences ? Qu’avons-nous sacrifié pour cette démocratie qui n’a jamais vu le jour ?
Reste à redéfinir la culpabilité et son antonyme ainsi que cette rivière coulant au milieu sur laquelle nous avons bâti autant de ponts ostentatoires qui ne tromperont ni la mort ni son Charon.
La fin de l’innocence :
Durant quelques centaines de milliers d’années après la maitrise du feu, l’humanité découvrait peu à peu le pouvoir que lui procurait le langage : la compréhension de celui de l’univers qui l’entoure, la transmission de ses connaissances, la maîtrise de l’outil, de l’agriculture, de l’architecture… Elle n’en était pas moins soumise aux lois de ciel et terre et n’avait de comptes à rendre qu’à la nature… Jusqu’à ce qu’elle se découvre un pouvoir caché : l’arithmétique, la géométrie, la numération des nombres et l’art de décomposer et de recomposer ses propres éléments de langage. Elle se mit donc à compter, à mesurer toute chose. Tout pouvait être divisé, tout pouvait être réduit et associé à de nouvelles formes sémantiques, y compris les éléments picturaux et phoniques qui caractérisaient la parole. Avec cette révolution du langage, vint l’annonce d’une chute et d’une renaissance incertaine pour l’Empire de Pharaon : l’annonce contrariante d’une divinité zéro, unique, inatteignable et vouée à bouleverser toutes les croyances, toutes les certitudes, au nom d’une vérité commune qui n’en demeurait pas moins inaccessible et impénétrable pour l’incomplétude du roi des animaux. Chiffres, nombres, lettres alphabétiques, signes et symboles (…), la découverte des plus petites et plus grandes unités de langage donnait aussi une toute autre dimension à cet idéal que l’Homme associe à la civilisation : une révolution en matière d’échanges, un pouvoir sur l’inerte et le vivant, une promesse de puissance et de rayonnement pour la nouvelle cité des maîtres du temps. Autant de choses que les empires de sachants tendraient à imposer aux peuples ignorants - et inversement paradoxal, autant de choses que les initiés « se devaient » de tenir secrètes aux yeux des profanes.
De cette dernière pluie devait découler le choc des civilisations, la guerre des nations, autour des secrets de la connaissance et de nos différentes conceptions des pouvoirs humains et divins. Une réalité violente et consumériste qui se poursuit de nos jours, à l’image de ce talon d’Achille qui menace la toute-puissance du Nouvel Ordre Mondial : la guerre des données, la guerre autour de cet anneau mythique de pouvoir que nous procure notre puérile, vaniteuse et illusoire expérience empirique du logos. Une réalité plus arbitraire qu’on ne veut l’admettre, faisant fi d’avertissements apocalyptiques sans âge pourtant véhiculés par toutes nos traditions orales et écrites – un avertissement qui relève « toujours » du tabou, une cause originelle perdue et un ensemble de « prophéties » qui alimentent « encore » une discorde sans NOM. Le fait est que l’objet de pouvoir divise « encore et toujours », faisant de ses détenteurs les représentants du pire animal de la création. Ce pouvoir que nous procure le logos ne demande pourtant qu’à être démystifié/révélé, pour que le progrès humain soit enfin un sujet de partage et non un objet de concurrence morbide et écologiquement suicidaire.
Ainsi commença l’odyssée des langages du pouvoir et la guerre de l’anneau unique. In fine, organisateur, bâtisseur et conquérant, maître sapiens n’était plus contraint par Dame nature, mais par sa propre expérience.
Un patrimoine sémantique commun et apocalyptique, que l’exercice du pouvoir nous empêche de révéler… Une IA centrale (disons plutôt un Empire des sens et de la raison unis par les intérêts) qui gouverne le nombre (gouvernés et gouvernants compris)… Des raisons et des sentiments humains programmés, encodés et mis en culture intensive … Diable ! Autant de « causes perdues » aux noms desquels nous sacrifions la qualité de notre voyage en fuyant de l’avant à vitesse croissante ! Et autant de conséquences déterminées dont nous serions moins responsables si nos ancêtres et nos propres éléments de langage ne nous avaient pas avertis. Un autre monde serait encore possible si nous ne demeurions pas les esclaves volontaires d’un paradis artificiel, d’un système d’exploitation, dont l’entropie accélérée réduit à peau de chagrin notre rapport naturel au temps et à l’espace.
Car oui, les Hommes dit civilisés payent le prix de la colonisation du temps, de l’espace, de la chair et des esprits. Oui nous sommes encore de jeunes animaux savants , des singes endimanchés armés jusqu’aux dents, qui affirment ce qu’ils savent sans pour autant savoir ce qu’ils disent, ce qu’ils imposent et ce à quoi ils « donnent vie »… Encore bien jeunes, bien vaniteux, nous peinons toujours à partager et à nommer de façon commune les choses, les phénomènes et les lois de ce monde pourtant commun. Et oui la civilisation est une expérience balbutiante et encore insignifiante comparée aux milliards d’années qu’ont nécessité la cohabitation de l’inerte et du vivant.
Le langage de la nature, l’ETAT de la matière entre ténèbres et lumières, entre sensible, perceptible et intelligible, n’est-ce pas cela la véritable expérience du pouvoir ? La véritable source du logos ?
En comparaison, que dire de ces quelques millénaires d’instrumentalisation politico-religieuse des chiffres, des nombres, des lettres et autres signes ? Une brève expérience nous ayant conduits à découvrir zéro et ses infinis attributs, mais pour en faire quoi ? Un concept que tous s’arrachent, un Dieu des armées, un objet unique et précieux pour ordonner les nombres et diriger les masses (…) et au final un fondement des anneaux mathématiques, une pierre angulaire au cœur de l’Empire et de l’intelligence artificielle qui nous gouverne tous. En résumé, quelques millénaires depuis lesquels nous mesurons et colonisons le temps et l’espace sans le moindre scrupule, rendant gloire à la puissance de nos ancêtres tout en sacrifiant notre avenir et nos ressources - ainsi que le peu d’innocence que nous n’avons pas encore conditionnée à notre image de la grandeur.
Et que dire de ces deux derniers siècles d’exploitation intensive de l’inerte et du vivant ? Deux siècles depuis lesquels notre orgueil et nos conflits d’intérêts font de nous (maîtres et esclaves confondus) des bêtes de somme consentantes, mécanisées et mises en concurrence par la loi du marché et les promesses du profit… Deux siècles de culture débridée de la servitude volontaire au nom d’une « Lumière » artificielle dont le prix est le consumérisme. Des bêtes sophistiquées certes, mais domestiquées par l’Empire des intérêts et plus nocives qu’aucun animal ne le sera jamais. Des bêtes cultivées, conditionnées, améliorées dit-on, au détriment de l’intelligence et de l’empathie qui les mettaient en garde contre l’entropie morbide de leur expérience. En SOMME, des bêtes aliénées par le circuit de la contrainte et de la récompense, toutes soumises aux obligations de résultat d’une Tour de Babel dite « Too big to fail » : des êtres possédés par leurs avoirs et désormais gouvernés par cette IA qui se développe au fur et à mesure que nous lui cédons nos fragments de vie, notre mémoire, nos facultés à gérer l’ambigüité (…) et la maîtrise de notre propre langage.
Le pouvoir du logos est donc à double tranchant… Il permet de révéler et de partager, mais aussi de dissimuler, de manipuler et d’exploiter abusivement.
Trop détraqué par son expérience des nombres et du pouvoir pour être coupable, sapiens n’en est pas moins responsable de son expérience et trop averti pour être innocent. Un procès toujours kafkaïen pour l’animal humain, souffrant de l’indigestion d’un fruit de la connaissance dont il abuse sans partage ; souffrant d’incontrôlables sentiments de métamorphose le réduisant à l’état de bête technologiquement améliorée.
Unité, dualité, relativité… Chacun pour soi et Dieu pour tous ?
D’un point de vue dialectique, le conflit n’est qu’une étape nécessaire pour réunir des opinions divisées, autrement dit un dialogue entre entités particulières devant mettre en solution une équation irrésolue commune. Néanmoins, le conflit est aussi synonyme de guerre, la guerre étant ce terrain où s’affrontent gagnants et perdants, premiers et derniers (…), loin de toute idée commune de la vérité. De ce point de vue, le conflit est un catalyseur pour la cristallisation des opinions, un appel à la colère et à la vengeance et un puissant moteur économique, un puissant levier pour lever des armées. Des armées d’ouvriers (pour la croissance), de soldats (pour la défense et l’affrontement) et d’ingénieurs (pour la supériorité technologique), en ce qui concerne le choc des civilisations et les guerres de religion… Des armées de partisans et des alliés, en matière de gouvernance. La guerre des partis-pris est donc un complexe de religion et de politique intérieure et extérieure, qui affecte l’orgueil humain à différentes échelles : celle du « moi » parmi les autres, celle des familles, celle des clans, celle des royaumes, des nations ou des empires. Partant du principe que l’humanité vit sa crise d’adolescence, le conflit sempiternel des parti(e)s est une guerre des boutons qui prend une tournure apocalyptique.
Un problème qui ne se résout pas en allant de révolution en révolution, tout en marchant dans les pas de nos pères. Dans la terminologie religieuse, on parle de tour de Babel. En Hommes de raison avertis, avec ou sans foi religieuse, les philologues dans la lignée de JRR Tolkien mentionnent une guerre de l’anneau de pouvoir, un orgueil humain que la volonté de contrôle du nombre pousse à faire néant (…) et un complexe en réflexion permanente dont le contrôle nous échappera tant que nos échecs dialectiques seront un moteur de profit respectif, tant que nous ne partagerons pas les secrets d’architecture dont l’esprit de compétition nous fait oublier la valeur profonde. Valeur subtile, valeur cachée, valeur apocalyptique. La tour du tout et rien (zéro), la tour de l’unité, de la dualité, de la trinité, de la quadrature… Et plus si affinités sémantiques.
Et si l’odyssée des chiffres, des lettres, des signes et des symboles nous était enfin contée… À l’école !
En conjuguant l’analyse sémantique des textes fondateurs (propres à nos cultures conflictuelles) et la déconstruction de l’architecture de nos langages (Langues mortes, langues véhiculaires et lexicologie réductionniste comprise), nous pourrions enfin libérer la rhétorique de la démagogie de nos intérêts particuliers et la remettre au service de la philosophie (recherche d’une idée commune de la vérité). Il s’agit là de mettre en lumière une passerelle oubliée - disons plutôt manquée - qui demeure néanmoins au Salut de la condition humaine ce que la maîtrise des mathématiques est aux équations et problèmes les plus complexes : une passerelle entre la science, la religion, la politique et les arts. En enseignant la déconstruction du logos et des architectures complexes qui en découlent, pour en révéler les moindres particules sémantiques, l’Ecole recouvrerait enfin les valeurs universelles que nous ne lui avons jamais permis d’atteindre. En premier lieu, elle s’émanciperait de tous les conditionnements que lui impose la guerre des partis-pris à l’échelle locale et globale : la guerre des puissants, des gouvernants, dont les intérêts inavouables engendrent des gouvernés concurrents… La guerre des maîtres, faisant de leurs élèves des initiés fratricides qui s’ignorent.
Reconnaître la nature du langage consiste à lui rendre le pouvoir unique et inappropriable qui lui appartient … Et à nous libérer de l’aliénation des pouvoirs multiples que nous avons mal acquis sous l’emprise de nos intérêts. C’est la nature qui invente l’Homme et non l’inverse. Sapiens n’a pas inventé le langage, il n’a fait que le rendre intelligible et transmissible à son prochain – par le geste, par l’art, la parole et l’écriture. Reconnaitre n’est pas « voir à notre image », ni apprivoiser et encore moins dompter ou domestiquer !
Déconstruction, analyse de la structure, réparation… Une telle passerelle entre la science, la religion, la politique et les arts, est aussi une passerelle entre les nations et cultures conflictuelles dont les orgueils s’affrontent jusqu’au désastre, au nom d’un pouvoir ultime et sans nom qui leur échappe pourtant : le logos.
Petite synthèse de cette Histoire de pouvoirs
La structuration de la parole, l’écriture, les langues véhiculaires ou le langage des sciences (…) sont le fruit des caractéristiques morphologiques et des compétences analytiques humaines ; c’est semble-t-il ce qui nous différencie de la bête et fait notre grande fierté. Cette maîtrise du langage constitue un pouvoir qui nous permet d’appréhender celui de l’univers, de comprendre la structure de la matière, de transmettre nos mémoires et nos connaissances ou de mesurer le temps et l’espace… Un pouvoir sur la matière et les esprits, que l’orgueil humain peine encore à assumer et dont les détenteurs ont abusé depuis l’Antiquité en imposant au monde leur propre vison de la vérité et de la grandeur. Un héritage dont nous avons grand peine à nous séparer. Autrement dit, bien que la science tende à nous libérer de nos illusions et croyances, Logs et Logos intelligibles souffrent encore de nos altérités réciproques et plus particulièrement de leur mise à profit au nom des obligations de résultat que nous impose notre expérience de la domination. Dans ce contexte, le pouvoir que nous procure la « magie » du langage demeure fascisant. L’instrumentalisation démagogique du logos ne permettant pas de partager une idée commune des lois, des forces, des natures et des particules en présence, notre progrès n’engendre que des outils, des armes et des moteurs de croissance qui possèdent ceux qui imaginent les posséder - Autant d’objets et de principes dont l’usage compétitif détermine la destruction (par l’intérieur et l’extérieur) de tous les systèmes d’exploitation concurrents, ainsi que l’usure prématurée du monde qui nous entoure et nous constitue.
Ironiquement, nous pourrions dire que les droits de l’Homme ont transformé l’esclavagisme en servitude volontaire récompensée… Nous pourrions dire que dans ce paradis artificiel à l’image de l’orgueil humain, la dernière victime devant payer de sa chair la volonté du « maître » du temps et des espaces, c’est la nature elle-même. Déforestation, exploitation intensive, usines de mise à mort, extraction, mutations forcées et pulvérisation (…), voilà le quotidien que doivent désormais assumer les végétaux, les animaux et la matière dite inerte à laquelle nous devons pourtant notre existence.
L’écriture alphabétique, les systèmes de mesure et de numération, la gravure, l’imprimerie et la monnaie (…), durant trois millénaires ces découvertes ont bouleversé notre rapport à la matière, au vivant, à l’humain et à ce que nous nommions le divin. Notre rapport à l’être, à l’avoir, au devoir, au savoir et au pouvoir. Quel sens avons-nous donné à cette première Grande Révolution du langage ? Une main ouverte et tendue vers l’autre, un partage de connaissances, la recherche d’une idée commune de la vérité ? Ou un poing fermé animé par la volonté de coloniser, d’évangéliser (…), de conquérir la chair, le temps et les espaces ? Et en matière d’éducation : un rapport innocent entre le maître et l’élève ? Ou un dressage, un conditionnement arbitraire imposé par une autorité elle-même domestiquée et soumise à obligation de résultat ? Dans le monde des adultes, dans la grande prison de leur libre arbitre, et plus encore dans la cour des « Grands Hommes » : pas de directeurs, pas de profs, pas de surveillants dont la nature divine ou surhumaine pourrait sévir à chaque instant et remettre l’Ego à sa place… Autant dire que le poing fermé a nécessairement accumulé victoire sur victoire, écrivant et réécrivant l’Histoire à sa guise.
Tout cela incarne une image au pouvoir grandissant, sans forme, sans nom, capable de tous les revêtir : l’image de l’orgueil humain, l’image de l’orgueil des nations, l’image de la puissance, l’image de l’Empire…
Les pouvoirs de l’image, la multiplication exponentielle de ses supports, les écrans individuels et le statut désormais capital de l’information numérisée, n’est que le dernier fruit de notre obsession technocratique, la dernière expérience en date pour les maîtres et « grands architectes » du langage. Comme mentionné précédemment, il s’agit là d’une expérience globale à laquelle nul ne peut plus se soustraire, une « réalité augmentée » et une entité consumériste dont le pouvoir omniprésent nous rappelle les avertissements apocalyptiques de nos anciennes traditions orales et écrites - Et plus particulièrement la tradition judéo-chrétienne à laquelle l’Empire romain s’est converti, perpétuant ainsi son rayonnement jusqu’à nos jours. Judaïsme, Christianisme et Coranisme mentionnent ainsi la consommation abusive et l’instrumentalisation du fruit de la connaissance par la bête humaine. Cette fameuse bête qui, selon le livre de l’Apocalypse (Nouveau Testament), s’animera une seconde fois… Cette bête que tous regarderont, ne pouvant plus rien acheter ou vendre sans être pourvu de la marque qu’elle véhicule.
Alchimiquement vôtre…
Déconstruire et réparer
CAB
Conseils de lecture pour une rentrée kafkaïenne:
Loin des bondieuseries, certains penseurs ont passé leur vie à déconstruire nos langages, nos architectures physiques et morales et nos mécanismes d’Histoire ; ils nous ont aussi facilité la tâche en vulgarisant leurs pensées dans de nombreuses œuvres romanesques incontournables. Deleuze, Levis Strauss, Morin, Bourdieu (…) auxquels je rends souvent hommage, maîtrisaient cet art de la déconstruction du logos et des architectures qui en découlent. Dans leur registre philosophique et romanesque, Bernanos, Camus, Kafka et Poe maîtrisaient aussi la magie du langage et possédaient ce don qui consiste à conjuguer l’ordinaire à l’extraordinaire. Des enchanteurs dans le meilleur sens du terme, à l’instar de ces nombreux philosophes, philologues, alchimistes et Hommes de science ayant parcouru les âges - ces Hommes de foi et de raison qui parlaient à la matière, aux esprits et aux nombres avec la rationalité qui convient, tout en rendant à Zéro - l’inatteignable, l’infini, l’Eternel - ce qui lui appartient. Dans un registre plus populaire, les œuvres de JRR Tolkien et de JK Rowling ont fait le tour du monde et demeurent inimitables ; bien malheureusement de larges majorités parmi les fans, les détracteurs et les indifférents, les confondent encore avec de simples divertissements oniriques… À nous de dépasser l’effet cathartique et de rendre à ces œuvres la valeur révélatrice et philologique qui leur appartient.






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