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Pouvoirs du langage et langages du pouvoir

  • christophealexisbi
  • 20 avr.
  • 7 min de lecture

Tableau du procès de Socrate
Issue du procès de Socrate

Parle, que je puisse te voir !

Sans être aveugle, nous pourrions dire « que je te sente ou ressente », sans être Hannibal Lecter, nous pourrions dire « que je te goute », sans être un enfant, nous pourrions dire « que je t’imagine », sans être Freud, nous pourrions dire « que je t’analyse », sans être mystique, nous pourrions dire «  que je te devine », sans être politicien, nous pourrions dire « que je tire parti de ta projection dans l’avenir » … Et en étant un de ces magiciens d’ombre et de lumière qui s’approche de l’art de maîtriser les arts, nous pourrions dire « que je puisse te sentir, te ressentir, te gouter, t’imaginer et prévenir le présent de ton passé des risques à venir. » - Une formule  paradoxale donc, qui laisse à réfléchir sur la complémentarité des sens, de la raison, de la représentation et de la projection. Notons qu’un paradoxe est une de ces matières à penser et à mettre en solution, n’étant pas mieux prise en charge par l’opinion générale (doxa dominante) que par les partis-pris communs. Communs dans le sens « ordinaires ».


Parle, que je puisse te VOIR ! En majuscule et en minuscule, en capital et en insignifiance. Insignifiance dans le sens courant et augmenté du terme (qui n’apparaît pas comme capital, mais pourrait être un fragment reflétant une somme décisive).

La formule est couramment attribuée à Socrate s’adressant à un homme mettant en avant le paraître, dans le sens visuel et matériel du terme. Néanmoins les philosophes la replace dans les préoccupations intellectuelles des disciples ayant relaté la « légende » du maître à penser ; de leur point de vue, c’est lorsque la phrase lui était adressée qu’elle trouvait son sens le plus profond.

 

Retour sur une énigmatique affaire qui mérite d’être rouverte sur la place publique :

   

"Est-ce que tu peux parler philosophe, que nous puissions voir la vérité ? Du moins si tu la porte..." - demande l’Homme du « paraître .

En suivant sa démarche, Socrate n’aurait pas répondu, aussi insupportable que cela puisse « paraitre ». Insupportable pour l’interlocuteur du philosophe, le maître énigmatique ayant une troublante tendance à ne pas répondre à ses propres questions ! Insupportable et jugé comme « facile » ! C’est pourtant en grande partie ce silence et cette voie énigmatique qui a conduit le prince de la maïeutique (et son « démon ») au procès final et à sa condamnation à mort. Le même phénomène est décrit dans le Nouveau Testament au sein des passages les plus énigmatiques relatant le procès de Jésus.


Plusieurs réflexions trop  discrètes et souvent censurées ont couvert le sujet dans les cercles occupés par les intellectuels de renom, mais ce qui m’a sorti de ma Caverne, pour qu’on en finisse enfin avec cette grande et capitale Histoire de dupes, est une humble réflexion postée sur les réseaux publics. Par une penseuse que les démons de la  renommée n’ont pas eu l’occasion de séduire : Kahina Mamms - sur le réseau Facebook. Son texte ouvrait les portes de cette boîte noire sémantique que le nombre ignore (plus ou moins volontairement) et qui contient pourtant la source de toutes nos « Lumières artificielles ». La boîte contient donc quelque chose de si obscur, que toute lumière n’étant pas de notre fait ne peut en ressortir. Une masse sombre paradoxalement à la mesure du silence insupportable du philosophe de la maïeutique. Obscur et pourtant réfléchissante comme pourrait l’être une image du miroir de l’âme représentant une surface renvoyant l’esprit au corps et le corps à l’esprit.


Une femme tenant un masque et une grenade fruit entrouverte - Pouvoir du langage et langages du pouvoir
République des livres - Pouvoir du langage et langages du pouvoir

Pouvoirs du langage et langages du pouvoir :


Malgré de nombreux et alarmants symptômes, l’avion dans lequel nous sommes tous embarqués (l’avion du Nouvel Ordre Mondial), ne s’est pas encore crashé !  Il nous reste donc encore une certaine marge de manœuvre et un certain temps, pour éclairer enfin les « démons » qui nous gouvernent depuis nos ténèbres.


Qu’y-a-t-il de si obscur dans la boîte révélatrice ? Le pouvoir du langage ! Pouvoir du langage qui est antécédent et prévaut aux pouvoirs multiples et omniprésents qui rongent une humanité d’affirmation ne sachant toujours pas ce qu’elle dit – ni même poser justement les questions. Non déconstruit, c’est-à-dire révélé dans sa nature et sa structure en révolution permanente et agissant pour le compte de l’orgueil humain sans que ce dernier n’en ait conscience, invisible donc, le pouvoir du langage est fasciste de par sa propre nature « autodéterminée ». Il prend ainsi de multiples formes que nul n’est plus censé ignorer et que tous ne font qu’OBSERVER (dans les deux sens du terme) : les langages du pouvoir. Dans ses architectures physiques (édifices), audiovisuelles et financières, toutes gouvernées par la puissance des nombres, le langage du pouvoir est l’image qui possède la bête humaine que nous sommes. 

Fasciste, le mot est donc juste et je l’arrache à « grand peine ».


Socrate était silence et mots qui ne laissent pas de trace, pour la raison même de ce versant obscurantiste de l’usage du logos. Le tentateur pouvoir de ce dernier implique de grandes responsabilités pour l’Homme, qui pense à tort en être l’inventeur et le privilégié détenteur. Les langages propres à l’humain, lorsque ce dernier est aliéné par l’expérience de la civilisation, constituent un pouvoir sur la matière et les esprits dont le philosophe savait qu’il désenchanterait le monde, nous ferait perdre la saveur des « choses » et oublier le « Nom de la Rose ». Le maître à penser parlait sans doute par la proposition « à ses heures perdues », à quelques disciples et à lui-même ; il écrivait aussi et dessinait, en silence et sans laisser de trace.


« Le maître de l’art n’a plus guère de raison de tailler la pierre » - « le maître de la guerre a déposé toute arme et armure et embrassé la nature même du conflit » … Ayant accompli l’œuvre de nombreuses vies en une seule, ces deux esprits ne faisant qu’un accusent néanmoins l’inexorable force du temps et le contexte de temporalité auquel le nombre, la foule, se soumet. Embrassant ainsi leur finitude sans avoir profité des preuves que la science apportent aujourd’hui à la voie dialectique, nos anciens maîtres à penser n’ont pu offrir que ce que leur époque leur permettait de transmettre, le plus souvent par des énigmes sémantiques qui demeurent irrésolues. De merveilleuses pirouettes de « magicien » susceptibles de rouvrir l’esprit emprisonné de leurs semblables et de leur faire prendre conscience de la responsabilité qu’ils ont sur la qualité de l’odyssée du vivant… Des éléments d’en/quête visant aussi à les avertir de l’impitoyable fonctionnement de l’apocalyptique gare du libre arbitre humain, dans laquelle les départs font les arrivées, autant que les arrivées font les départs.


On ne doit pas tricher avec le langage… Bien que nous puissions le faire. Tiens… Revoilà le boulet du libre arbitre - qui ne dit pas ce qu’on lui a fait dire.


Ce trou noir dont la lumière ne semble pas pouvoir ressortir est-il inextricable ? La maïeutique prônait-elle un silence énigmatique éternel ? Non, grand bien nous fasse ! J Dans son contexte historique, Socrate avait conscience des balbutiements de l’art du logos en tant que réunion des disciplines mathématiques (géométrie comprise), scientifique (physique, cosmologie, (al)chimie…) et sémantiques, récemment structurées par la découverte de l’écriture alphabétique et des systèmes de numération et de mesure. À cette époque, l’écriture en tant qu’art des chiffres, des signes, des symboles et des lettres, nous faisait peu à peu découvrir la puissance de l’ingénierie technologique, les lois de l’univers, mais aussi celles qui régissent l’esprit humain ET SES LANGAGES. Il avait donc conscience que l’Homme (en ces temps) était en quelque sorte un adolescent naïf et encore barbare, un sociopathe socialisé et pacifié par l’entité sociale, en train de découvrir un pouvoir dont il ne maîtrisait pas encore la nature et la structure… Pas plus qu’il n’en appréhendait communément, uniformément, les causes et les conséquences.


Nous pourrions résumer vulgairement cette conscience en trois points : 1- Le fou dit ce qu’il sait et le sage sait ce qu’il dit. 2- Il faut bien que jeunesse se passe. 3- L’immanence du langage engendre chez l’Homme un objet de pouvoir « unique et pluriel à la fois », paradoxalement tout puissant qui lui explosera à la figure, jusqu’à ce que cet « Objet » finisse par se révéler de lui-même. D’où le sens ambigu du TERME « Apocalypse ».


Cette conscience est aussi celle qui a animé des penseurs déconstructionnistes tel que Gilles Deleuze ou Roland Barthes. Plus modernes que Socrate, ces derniers voyaient le langage se révéler peu à peu par l’écriture, c’est-à-dire le texte et l’analyse du texte dans sa propre structure, ainsi que les progrès en matière de sciences (que l’on doit uniquement au langage écrit). Sciences bien malheureusement encore prises en otage par la puissance orale des politiciens et leur démagogie (sciences et philosophie au service de la rhétorique et non l’inverse). D’où la nécessité de l’art « libre » et de la pensée déconstructionniste (non absconde) – D’où la nécessité de revenir à l’origine, après un long voyage initiatique dans les labyrinthes du progrès. L’odyssée d’Ulysse, la quête de Persée, la boucle de Sisyphe (…) tous ces TEXTES visionnaires devaient attendre notre apocalypse « nucléaire » pour révéler toute leur substance. Prises en otage par les politiques et les « partis-pris », les sciences du langage de l’Homme et de la matière nous ont permis de conditionner le NOMBRE et de violer la PARTICULE ! Néanmoins nous sommes dorénavant capables de revenir sur la  « trame du texte » qui nous a écrit et de le laisser se révéler jusqu’à la moindre de ces particules de double nature. Les lettres par exemple, ou encore les chiffres, nombres, symboles ou signes,  en ce qui concerne le langage écrit dans sa nature abstraite… Ou en vrac : les atomes (compositions de particules), la substance du vide, l’impossible nature absolue du silence, les structures neuronales de l’observateur animal et humain (…), concernant le langage au sens large dans sa nature manifeste.

Et leur demander de se révéler signifie en premier lieu se taire et leur poser humblement la question. Un Graal qui seul permettra au philosophe roi de sortir du silence, de conjurer la malédiction de Cassandre, de se libérer d’un fardeau létal et de dispenser un enseignement déconstructeur et réparateur, ne permettant aucun abus de pouvoir du maître sur l’élève. Il s’agit là du serment de tout chevalier de la Rose, qui ne plie le genou devant aucun pouvoir mais s’incline de gaité de cœur devant l’innocente détermination du monde.


Note : cet indice poétique n’est pas un hommage à un quelconque cercle initiatique, car toutes ces sphères d’influence ont péché par là où leurs précurseurs avaient la volonté de guérir.


Déconstruire et réparer

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Pourquoi déconstruire nos architectures - Pouvoirs du langage et langages du pouvoir par Roland Barthes

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