
Qui n'a jamais dit "je suis hermétique aux maths!", "je suis hermétique à la philosophie", " je suis hermétique à la musicologie", je suis hermétique à tout ce qui touche à la religion", "je suis hermétique à toutes ces complexités qui nous bouffent la vie"... Mais l'Hermétisme, avec un H capital, c'est quoi au juste? Et est-il souhaitable que l'individu se ferme à ce qui n'est pas simple, alors que la somme des intérêts de la foule ordinaire crée de la complexité de façon exponentielle ?
Donnons quelques tours à notre retourneur de temps :
Je cite cette citation « du moment » que l’on attribue à l’énigmatique Pythagore :
Le monde est une comédie dont les philosophes sont spectateurs.
Une "comédie tragique" pour compléter la formule. Et il ne serait pas superflu de stipuler "spectateurs avertis" ou "spectateurs conscients" pour précéder le point.
Pythagore semble définir comme spectateurs les penseurs sortis de la Caverne, mais n'ayant pas encore trouvé le moyen d'y revenir à des fins d'enseignement, pour libérer leurs prochains du jeu d'ombres et de lumières artificielles. Disons des illusions communes et particulières dont l'orgueil des nations se nourrit.
Dans l'Antiquité, de nombreux philosophes dont Pythagore formaient des cercles de penseurs dont les élèves étaient considérés comme "initiés" lorsque les maîtres leur ouvraient les portes invisibles de la science hermétique. Ce qu'on appellera plus tard le secret de la maîtrise des arts libéraux. Le caractère hermétique de ces sciences balbutiantes protégeait ces cercles de l’obscurantisme et de nombreuses persécutions, notamment grâce à l’art de l’encodage sémantique qui leur permettait de se reconnaître, de communiquer discrètement et d’enseigner tout en dissimulant dans les écritures leur contenu politiquement incorrect. Les précurseurs du monothéisme, les juifs donc et plus tard les chrétiens ou les premiers musulmans utilisaient les mêmes méthodes de cryptage sémantique et réductionniste. Inversement l'hermétisme commun vis-à-vis de la reconnaissance des lois invisibles de l'univers était déjà reconnu comme l'OBSTACLE socialement confortable enchainant maîtres et esclaves, disons gouvernés et gouvernants dans la même prison (ou Caverne) consumériste.
De nos jours, l'hermétisme n'est plus au service d'aucun philosophe, mais instrumentalisé par les nouveaux "maîtres" du langage, qui n'en extirpent plus aucune vérité et profitent du gap intellectuel qui sépare l'influenceur/programmateur de l'influencé/consommateur.
Briser l'obstacle de l'Hermétisme devenu absolu, est fort probablement le plus haut enjeu de notre temps. Une mission qui semble impossible au regard de notre actualité et du comportement des peuples... Sauf lorsque l'on comprend que si complexe soit-elle, cette solution ne tient qu'au fait de briser un secret de polichinelle digne d'un complexe d'adolescent.
Démontrer aux maîtres et aux esclaves (consentants ou non) le fruit consumériste des liens qui les enchainent les uns aux autres est une chose… Affronter leur Orgueil en est une autre. Il s’agit là d’un art et non d’une science, un art comparable à l’exorcisme d’un « mondialisamonstre » malade et désenchanté. Sans cet art, qui est celui du véritable maître de la guerre (conflit en tant que base de la dialectique), le philosophe, l’enseignant, le scientifique fort de toutes ses preuves, le parent, le guide (…), n’a aucune chance de victoire face à l’Orgueil. L’orgueil de l’élève, de l’enfant, du peuple, de la foule… D’autant plus si les germes confortables de la mauvaise éducation ont déjà infusé et porté leurs fruits corrompus.
Déconstruire le langage et les architectures sociales toutes puissantes, qui découlent de son instrumentalisation, revient à rendre à l’orgueil de l’individu les secrets et les trésors de connaissance que nos différents systèmes d’exploitation lui ont volés ! C’est donc à la fois une mise en solution rationnelle et une façon saine d’apprivoiser la bête (orgueil) en rendant à ce « César maître et esclave » ce qui lui appartient.
CAB & HC BLACK'S
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