Cet article a été publié le 2 juillet 2023, à la suite de la fièvre déclenchée par la rencontre fatale entre un adolescent (Nahel) et un policier (X), tous deux dans l'exercice de leurs fonctions de contraires.
A un pas du vendredi 13 au cours duquel gouvernants et gouvernés risquent de flirter avec la violence, ou de voir quelques "barbaries" organisées s'inviter à leur événement, l'article me semblait à propos. Mais il est un autre malheur, un autre fléau, une autre horreur ayant de nouveau montré sa vilaine face et justifiant pleinement la réédition de ce texte qui ne lui était pourtant nullement adressée : l'Orgueil de la guerre dans sa version israélo-palestinienne. Pourquoi "Orgueil"... Parce que nous en SOMMES tous responsables de cette guerre et qu'elle est à l'image de notre hypocrisie mondiale. Une hypocrisie sans âge donné, qui dépasse notre contexte et qu'il convient de ne pas nommer en société, du moins depuis que l'Homme a enterré son innocence et bâti des palais et des abattoirs sur sa tombe. Une hypocrisie qui semble dater du deuil définitif de l'"Age d'or" et concerne les adultes ! Ces adultes qui en tant que personnalités "responsables" soumises à autorité et sous prétexte d'un supposé "âge de raison", transmettent à leurs enfants une allégeance envers l'Empire, une dette, une obligation de rompre avec le langage de la nature et un patrimoine composé de nos illusions, de nos faiblesses, de nos complexes identitaires, de nos machiavélismes ou encore de nos haines les plus tenaces. En d'autres termes, concernant le conflit israélo-palestinien, le triste sir Arthur Balfour et sa riche compagnie ne sont que les piètres catalyseurs de cette bombe moyenne-orientale dont la conception maligne date de l'Empire romain. Les mécanismes de guerre, quelle qu'elle soit, tiennent en grande partie de la façon "adolescente" dont l'Homme appréhende l'exercice du pouvoir depuis qu'il considère qu'il fait de grandes choses... Depuis que l'individu se confond à une entité morale au sein de laquelle les gouvernants ont la tâche de représenter une foule irrationnelle selon un système d'exploitation arbitraire fondé sur le gap intellectuel et l'abolition du libre arbitre de l'individualité. Une foule ingouvernable donc, soumise à ses propres moyens au détriment des besoins réels et de son contact avec la nature, qui lui fera payer le prix de ses écarts de liberté. C'est à cet accord tacite que nous sommes tous soumis, comme de vulgaires porc en culture, depuis des millénaires d'une crise d'ado qui n'en finit plus. Un accord qui nous fait oublier la forêt brûlée, l'enfance volée et violée, l'animal outrageusement exterminé, le métal hurlant et les conséquences globales de l'instrumentalisation des corps et des esprits. Matière et conscience donc. Un accord de longue date par lequel le verbe et le langage nous échappent et ne représentent plus qu'une autorité abusive, un instrument d'exploitation, un langage informatique, une IA ou un moyen de palabrer pour tuer le temps après une journée perpétuelle de labeur bien remplie.
Comment résoudre nos complexes dialectiques alors que nous avons tous choisi d'être engraissés, usés et conditionnés par la mise à profit de l'état conflictuel ?
LIBERTE ET EGALITE FRATRICIDES...
Comme à chaque scandale, chaque horreur ultra-médiatisée, les particules de la foule contrarient leur état de division habituel et leur cohabitation tacite pour se scinder en deux groupes prédateurs l'un de l'autre : les "pour" et les "contre".
Pour ou contre le droit à la désobéissance ? Pour ou contre le droit à l'erreur ? Pour ou contre le conformisme ? pour ou contre " l'insurrectionnisme "? Pour ou contre Nahel ? Pour ou contre Fabien X ? ...
D'un côté comme de l'autre les partisans répondent à une mécanique de violence en milieu tempéré qui ne peut aboutir qu'à l'affrontement par la violence physique au moindre orage. Une violence larvée que les extrémismes de tout poil ont bien du mal à contenir depuis la gueule de bois de l'ivresse néolibérale fêtée après la chute du mur de Berlin.
La France est séparée en deux dit-on, sans comprendre qu'au fond, cela veut dire que l'on s'abaisse à jouer la partie la plus laide du conflit Nahel le délinquant VS Fabien le policier. Adieu les individus complexes qui se cachent derrière ces deux adjectifs que l'on oppose depuis fort longtemps. En tant que délinquant et policier, Nahel comme Fabien ne sont plus que des fruits conditionnés, étiquetés et administrés par l'Empire Tout Puissant. L'Empire des sens, des lois et de la nomination : une machine à fabriquer des phénomènes sociaux à une échelle non humaine, un "mondialisamontre" dont le contrôle échappe à son créateur. Je n'ai pas dit communauté, royaume ou nation, mais bien Empire. Le Nouvel Ordre Mondial que l'on redoute de nommer depuis peu, mais qui ne cache plus ses initiales : NOM. Lapsus ou hasard sémantique ? Nous parlons de ce même Empire qui saisit jadis l'opportunité du monothéisme pour accomplir sa politique d'unification.
Inutile de vous décrire la vie de ces deux personnages, disons le flic et le voyou pour vous rappeler la légèreté d'un blockbuster à la française des années 90 dont Jean-Paul Belmondo était le héros mi-Caïn mi-Abel. J'en profite pour vous rappeler un autre film tourné par l'acteur sous la direction plus magistrale de Louis Malle au crépuscule anticipé des trente glorieuses : Le voleur. Le long métrage vous conte l'histoire d'un prince des voleurs témoignant de la laideur de son époque et s'attachant à accomplir noblement une sale besogne dans un monde de luxuriance sordide et absurde. Après la désillusion des seventies, le japon (en collaboration avec les États-Unis) produisit un film légendaire sur le thème du roi et du voleur : L'ombre du guerrier de Akira Kurosawa. Bref, inutile de vous décrire la vie de ces deux personnages, vous savez à quoi nos "droits et nos devoirs en perdition" les assignaient chaque matin... Vous savez au fond de vous quels cauchemars les hantaient. Pour le dire autrement : quel que soit votre "camp": que ceux qui n'ont jamais péché au nom de l'Empire et de l'accord tacite, jettent la première pierre. Je déforme volontairement cette célèbre citation en rappelant qu'elle fut attribuée à un certain Jésus à une époque ou les nazaréens plaidaient leur survie et leur place dans la Pax Romana (au sein de laquelle on ne pratiquait pas la lapidation des femmes adultères). L'Empire, toujours l'Empire. Et l'accord tacite qui nous ramène à un vieux procès dont un certain Barabbas, un Hérode et un Ponce Pilate furent les protagonistes.
En nous séparant entre "pour" et "contre", nous insultons ces deux Hommes aujourd'hui réunis par les signes du jugement social et de la mort. Nous insultons ces deux victimes de notre inaptitude à vivre ensemble et à conserver notre libre arbitre face aux forces qui nous conditionnent. Par forces qui nous conditionnent, je n'entends pas celles de la nature, mais celles du pouvoir incarné par l'Empire et ses "sous-domaines" vassalisés. L'Empire des sens et des illusions, derrière lesquelles se cache le bureau des lois et des finances, qui les cultivent en imaginant les contrôler.
Cessons de nous comporter comme des porcs qui s'affrontent au nom de statuts, de costumes et de décorations qu'ils portent sans en comprendre le sens ! Je le dis tout net à tous les belligérants, fermez vos gueules ! Rentrez tous chez votre mère, comme disent les ados, ou allez fleurir sa tombe si la rose n'est plus de ce monde. Elle le sera toujours ! Et je ne suis pas de ces cinglés qui prient Pachamama version New-Age, croyez-moi sur parole.
Fermez tous vos grandes gueules, la grandeur n'a plus aucune légitimité aujourd'hui. Ni la gloire. Fermez vos gueules ou la laideur nous tuera tous.
Soyons honnêtes, dans ces deux camps dont on dit qu'ils divisent la France, chacun s'aligne derrière l'autorité sociale d'un stéréotype et tous se demandent quel coupable va désigner la main invisible qui les gouverne et tire parti du "domaine de la lutte", du conflit donc, pour nourrir la masse globale en effort permanent. Face à face, deux sommes irrationnelles d'intérêts particuliers formant un couple "électrique" de passions sous-tendues par des frustrations explosives. Des forces que l'on refoule parce qu'il faut bien que tourne la cuisine du di/able. Des forces que l'on compense par de virtuels holocaustes en temps de paix sociale, entre deux crises, entre deux passages à l'acte collectif.
Le couple à la une est donc le gendarme contre le voleur. Mais ici, pas de réalisateur de génie, pas encore de bombe H pour meurtrir nos consciences, pas de Jésus pour faire bon exemple. Juste un fait divers qui annonce en pantoufles la fin d'un hiver consumériste sans foi ni loi qui vaillent.
Rien de bien différent de ce qui se passe à l'échelle globale : la guerre bien entendu, nul ne peut plus la nier.
Le réveil à 6h du mat et la bétaillère à supporter toute une vie d'Homme valide, on sait tous ce que ça fait. À l'esprit et au corps, que l'on remplit de médocs pour éviter le burn out, l'ulcère et autres réjouissances.
Maintenant tout le monde n'est pas flic dans les quartiers sensibles et notre journée quotidienne ne consiste pas à exercer une autorité en un lieu où elle ne fait pas ou plus sens. Je vous passe les détails de la journée d'un îlotier dans les " zones de non droit ".
Maintenant tout le monde n'est pas délinquant et notre journée quotidienne ne consiste pas à déjouer la loi et à affirmer votre " Nique ta mère " pour avoir " droit de cité en zone de non droit "! Une danse avec la décadence, un rap qui banalise la violence, un flirt avec tous les paradis artificiels imaginables, une plongée dans la grossièreté et l'acédie mentale, une promesse de mort pour les danseurs étoile... Pour les autres : le confort relatif de la prison, le respect de la communauté et la promesse d'un charbonnage mieux payé à la sortie.
Ne l'oublions pas, le gendarme et le voleur sont les deux principaux moteurs du progrès. Celui-là même dont tous les partisans de cette affaire profitent allègrement. "Pas nous!" diront les équipes de la "Téci"... Qui sont les premières à porter le Tacchini, à afficher la BM qui tape et le portable dernier cri. Ne riez pas les autres ! Vos propriétés, votre richesse ou vos petites vies sécurisées sont une insulte à l'intelligence que vous revendiquez en tant que bourgeois ou citoyens modèles. Mais comme tous, vous n'êtes que des porcs en culture... Qui s'ignorent bien entendu.
Fermez tous vos gueules.
Désolé, je ne fais pas d'emphase et mes propos ne m'amusent pas, ils sortent des tripes. Je le dis pour notre Salut et je n'ai rien d'un illuminé de la route qui mène de Jésus à Vishnou !
Fermez-la et ouvrez vos mains qui ne sont plus que des poings. Ouvrez vos esprits qui ne sont plus que des con/vaincus. Ayez du respect pour cette vérité que vous défendez sans la connaître ! Ayez du respect pour tous ceux qui sont morts au nom de notre folie.
Quels que soient les jugements qui seront fait à l'adulte qui a tué et à l'adolescent qui est mort, la tension de ce pays augmente proportionnellement à l'esprit de guerre totale qui envahit le monde.
À la sonnerie de notre réveil collectif, chaque flic de quartier se réveillera désormais les tripes un peu plus en vrac et la gâchette contrariée. Et chaque délinquant se rapprochera un peu plus des extrémismes qui font le jeu de la tyrannie et de l'oppression d'une humanité qui se prépare à la guerre en imaginant lutter pour la paix et/ou la justice.
À tous ceux qui aiment les solutions prêtes à consommer : désolé pour l'absence de "votre bouquet préféré", mais réveillez vos neurones et relisez bien cet humble billet, particulièrement les passages concernant notre responsabilité vis-à-vis de la nature, notre libre arbitre et notre allégeance hypocrite à l'Empire... Votre solution y est non pas cachée, mais en solution. Elle ne s'adresse à aucun de vos intérêts particuliers mais demeure accessible à tous, moyennant un minimum d'effort contre votre façon de penser habituelle.
À vous d'analyser cette BASE de "métadonnées" avec le prisme de la prospective et non celui de la stratégie des petits pots révolutionnaires du lendemain, cassés et stérilisés par le principe de la veille. Un bon prospectiviste, un visionnaire si vous préférez, est un guide collectif qui ne se revendique d'aucun parti, d'aucun camp, d'aucune nation (...), c'est un libre arbitre conscient que l'Homme est responsable de son expérience dans un monde déterminé qui lui fera payer le prix de ses manquements aux lois que la nature a rendu perceptibles par la sensibilité et l'intelligence. Pour maîtriser cet art, il s'agit en premier lieu de sortir de l'incubateur social dans lequel l'Empire vous a réservé un petit compartiment. Néanmoins, la mission d'un libre arbitre, d'un bon prospectiviste donc, ne consiste pas à détruire le contrat social, mais à le transformer en accord. Son but n'est pas de mettre au chômage les stratèges et les soldats des forces en présence, mais de réparer l'entité globale qu'ils incarnent irrationnellement et qui les poussent inexorablement à la solution finale la plus laide et la plus absurde qui soit.
En terme de civilisation, c'est la seconde fois qu'un Empire global, fondé sur une paix internationale tacite, s'effrite de la sorte, entre division interne, décadence exponentielle et invasion du domaine que l'on dit barbare. Néanmoins Rome n'était qu'un pétard, face à la force nucléaire de notre Nouvel Ordre Mondial.
Des mots forts ? Un sensationnalisme apocalyptique ? Non, juste la folie meurtrière d'une humanité puérile qui se prend au sérieux. Du "glabiboulga" pour amateurs d'aliens, de la merde, du consommé et digéré bien fétide, rien de plus. Et face aux générations futures, si nous permettons qu'elles existent un jour au-delà de nos dettes : de quoi fermer honteusement notre grande gueule à tous.
Désolé pour ma vulgarité, elle me semble poétique et à propos face à la grossièreté des avis les plus médiatiques. Face à l'indécence du verbe au nom duquel chaque individu, chaque peuple a fini par perdre l'usage de son propre langage.
Merci de votre compréhension
CAB
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