Individualisme paroxystique - La bêtise humaine et son IA - Partie 6
- christophealexisbi
- 18 juil.
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Durant les deux derniers siècles, l’orgueil humain a tenté d’abolir certaines croyances qui l’éloignaient d’une idée commune de l’intérêt général à sa propre échelle :
Non, Dieu n’a pas désigné de classes ou de races d’hommes supérieurs pour exploiter ou réduire les autres à l’état d’esclavage.
Pour affirmer « nous vivons sous le même soleil, nous avons les mêmes os, les mêmes cerveaux et faisons partie de la même espèce humaine », les jugés inférieurs ne méritaient donc pas le châtiment. Et non, nous ne pouvons pas penser ce que nous voulons ou croyons vouloir en donnant une autorité religieuse et/ou un sens universel à cette volonté - parce qu’il y a de fortes chances que la loi qui nous donne raison soit arbitraire… Et que notre volonté est fort probablement le fruit d’un conditionnement tacite. L’accord tacite étant la grande parade, la grande dérobade de la raison humaine pour contourner le complexe de son incomplétude.
Mais à la décharge des différentes expériences religieuses (qui n’ont pas toutes abouti à une autorité obscurantiste ou fasciste), que dire de l’individualisme roi qui gouverne dorénavant sans Dieu ni maître et en toute bonne conscience ? Que dire de cet homo-poubellus bienpensant qui parce qu’il tire profit et intérêt particulier d’une entité sociale devenu toute puissante, s’imagine émancipé de toute tradition religieuse, de toute solidarité sociale, de tout devoir de charité ? Cet Homme nouveau, ce libre penseur et influenceur qui s’improvise volontiers philosophe et écolo en déclamant « l’enfer c’est les autres », « l’Homme est un loup pour l’Homme », « stoppons le consumérisme et optons pour la transition énergétique » - du moins tant que ses beaux discours n’impliquent pas qu’il se sépare de son portable, de sa bagnole ou de son salaire confortable.
N’en déplaise à cet égocentrisme bienpensant, l’individualisme et « le chacun pour soi dans un monde où tu marches ou crève », reposent sur une vision darwiniste obsolète. De nombreuses preuves à l’appui, de récentes études scientifiques démontrent que la solidarité, la communication systémique, l’absence d’intérêt particulier et même le sacrifice de soi, régulent le principe de domination et l’instinct de survie propre, y compris au sein de la population animale et végétale… C’est un fait.
Bien qu’il fut loué pour avoir assagit l’orgueil humain ou pour être le fruit bien mérité du libre-échange et de l’esprit de libre entreprise, l’individualisme n’a fait qu’attiser les diverses frustrations des tendances fascistes, raciste, monarchique ou obscurantiste. Unis autour de dogmes religieux désuets, ces opinions atteintes du complexe de supériorité formaient des groupes définis, dont chacun voyait l’intérêt général à sa propre image. Il en résultait ce que nous nommons le choc des civilisations et la lutte des classes. Avec l’individualisme en valeur gouvernante, l’opportunisme et l’instinct de domination dissimulent leur main de fer dans un gant de velours et nous n’en assistons pas moins à un état de guerre et de compétition permanent. Une guerre de tous contre tous.
Les droits de l’Homme et la démocratie se sont imposés devant les anciens paradigmes qui entretenaient nos altérités réciproques et nos échecs dialectiques, dans l’espoir de solutionner notre approche incomplète, puérile et fasciste du langage - disons notre incapacité à maîtriser les pouvoirs qu’il nous procure. Avec nos progrès en matière de science, cela nous a permis de franchir le cap de l’obscurantisme et d’approcher « ensemble » une certaine idée commune de la vérité concernant notre place au sein du micro et du macro cosmos. Mais force est de constater que l’orgueil humain n’est pas encore guérir du « Moi je suis moi et toi tais toi ! » ! L’esprit scientifique n’échappe pas à la tentation de faire des miracles technologiques qui nous fascinent, mais ne font que dissimuler notre inaptitude à maîtriser le pouvoir que le langage procure à l’orgueil humain. C’est ainsi que les signes, les symboles, les chiffres, les lettres et le hard ware (matière inerte) sont devenus des objets incontournables dont on ne tire plus la moindre révélation, la moindre valeur sémantique universelle susceptible de dissoudre nos altérités réciproques, mais une illusion commune du progrès et un pouvoir global au service de nos intérêts particuliers. Les langages du pouvoir et les artéfacts omniprésents composant un système d’exploitation tout puissants, unique, qui gouvernent dorénavant le nombre, en mode compétiteur.
Après une ère de cohabitation tacite sous le signe du matérialisme, la condescendance hiérarchique décomplexée, le sexisme affirmé et le racisme assumé s’éveillent de nouveau après un long sommeil. Et l’IA permet à chacun des nombres divisés dans la haine, de se faire voir par tous, recrutant ainsi leurs armées.
Pire, la maladie et l’état de dissociation dont souffrent le croire, le vouloir, le savoir, l’avoir et le pouvoir, rongent dorénavant les Hommes de façon globale, locale et individuelle à la fois : les croyances qui opposent les cultures sont toujours d’actualité, les millénarismes et les fanatismes de la dernière pluie ont le vent en poupe et au sein d’une société matérialiste qui se mondialise, l’individualisme devient un roi qui n’a plus de limite. Selon cette nouvelle idéologie du « libre moi » (que l’on doit notamment au néolibéralisme et à la toute puissante société de droit et de devoir pour le bien de tous) : la vérité, c’est à chacun la sienne. Bienvenus dans Zootopia ! Autrement dit le JE crois ce qu’il veut tant qu’il ne contrarie pas les lois de la croissance économique et du nouvel ordre mondial. Un INTÉRÊT GÉNÉRAL qui se passe sans scrupule d’un Dieu pour tous ou, dans un jargon plus rationnel, d’un quelconque respect des lois de la nature et de l’équilibre écologique au quel nous devons notre existence.

La vision individualiste de l’entité sociale a négligé la réalité holistique de notre univers et de tous les systèmes qui peuvent s’y développer, elle nous a aussi laissé en proie à l’illusion que nos systèmes d’exploitation demeureraient au service de l’individu, alors qu’ils l’aliènent et le séparent des lois qui l’unissent au « tout ».
De son côté, la culture de l’individualisme organise la servitude volontaire de chacun au nom d’un libre arbitre débridé qui ne peut pourtant pas échapper à la causalité. Comme suggéré précédemment, l’Homme individualiste n’échappe pas au conditionnement et imagine qu’il PEUT croire ce qu’il VEUT alors qu’il ne reconnait ni l’origine ni la relativité de son POUVOIR et de son VOULOIR.
A l’inverse, puisque nous ne sommes pas à un paradoxe hypocrite près, la servitude volontaire et son circuit de la récompense s’organise aussi au nom d’un procès du libre arbitre… En procureurs, les « premiers de la classe » ! Un procès qui nous excuse de consentir au conditionnement en nous définissant comme irresponsable : le choix n’existe pas, l’individu n’est que le fruit de forces supérieures auxquelles il est soumis.
« Ces deux arguments sont totalement opposés ! » - nous dirons-nous… L’orgueil ne recule devant aucun paradoxe et n’hésite pas à mélanger un tout et son inverse dans le même panier, lorsqu’il s’agit de plaider sa cause.
Les mariages et divorces d’intérêt de la croyance et de la raison pure avec le « bâton » politique ne nous ont pas permis de révéler leur substance pourtant commune, ni de décrypter nos traditions sémantiques par le prisme de nos découvertes scientifique. Pour être plus précis, cette déconstruction de nos langages est encore réservée à un domaine très élitiste et n’est pas vulgarisée sur la place publique. En attendant, les opinions, les partis pris, les communautarismes, les identitarismes (…) et l’individualisme, demeurent autant de croyances financièrement profitables nous éloignant encore et encore de lois déterminées que les animaux ou les plantes respectent sans faille - malgré leur réputation d’êtres inférieurs.
Notons que parmi les sphères élitistes conscientes de l’impasse d’une culture intensive de masse au nom du « Nous » ou du « Je », une idéologie est née : l’eugénisme. Au mieux cela consiste à réguler la démographie en limitant la souffrance et au pire, à laisser le nombre se dégraisser de lui-même par la guerre, la maladie et l’état de crise permanent. Et pour passer la pilule de l’eugénisme en toute discrétion, l’individualisme, l’opium de la réalité virtuelle et le positivisme égocentrique sont de formidables atouts.

Déconstruire et réparer - Individualisme paroxystique et bêtise humaine
CAB & HC Black's






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