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  • christophealexisbi

Hermétisme entre ombres et lumières


Image du Corpus Hermeticum attribué à Hermès trismégistre -Illustration
Hermétisme entre ombres et lumières - Illustration du Corpus hermeticum - Libri I-XVIII

Ce texte fait suite à un post antérieur publié à propos de l'Hermétisme et de la légende Pythagoricienne :


Il apporte des précisions sur le symbolisme et sur les différentes interprétations connues à ce jour à propos de ce mystère qui se passerait bien de demeurer la chasse gardée exclusive des "mages", des élites intellectuelles et des amateurs ou professionnels d'abscondités ésotériques.


L’hermétisme définit à la fois un phénomène manifeste (une boîte hermétique par exemple ou par glissement sémantique une cervelle, concernant ce qu’elle ne peut ou veut pas laisser entrer jusqu’à sa « matière grise ») et une pratique. Le glissement sémantique est dans ce cas plus fort car ceux qui exercent cette pratique ne se contentent pas de constater que les non-initiés sont hermétiques aux données métaphysiques ainsi qu’à la partie la plus abstraite et impalpable des sciences dures (les maths par exemple), mais font de ce mot une enseigne pour leur école. Ce faisant, ils entretiennent le versant opaque de ce qui est déjà trop subtil et impalpable pour l’Homme affairé lambda.


Dans les faits, ce « petit secret entre initiés » les protégeait des persécutions des pouvoirs politiques et religieux depuis l’époque des pharaons jusqu’au siècle des Lumières, en passant par l’obscurantisme et son lot de violences contre tous ceux qui remettaient les dogmes en question. Malheureusement la frontière entre cette protection initiale et l’entretien de ce secret pour des causes moins légitimes est très poreuse ! Les raisons les moins légitimes et qui ont transformé l’hermétisme en une culture de l’opacité qui se nourrit d’elle-même sont entre autres celles-ci :  


· l’orgueil du maître et la condition de sa notoriété,

· le gain de temps dans l’initiation (l’élève se tait et écoute le maître jusqu’à ce qu’il soit formé, ce qui pose le problème du conditionnement et de l’abus d’autorité),  

· l’attraction du versant mystique (ésotérique), très populaire et flatteur depuis qu’on ne persécute plus les syncrétismes…

· l’opportunité politique de conserver l’exclusivité d’une pratique ancestrale qui constitue la base de toutes nos architectures (construction des langues véhiculaires alphabétiques, élaboration des systèmes de numération, construction et graphie des chiffres, lettres, signes ou symboles de la lexicologie scientifique, etc).


Cette opportunité est à la base de la compétition qui opposait l’Église et la Franc-maçonnerie entre la Renaissance et le crépuscule du siècle des Lumières ; avant que la laïcité et le matérialisme ne fassent table rase des questions existentialistes et des métadonnées qui ont permis de structurer toutes nos architectures, y compris sociales. Pourquoi sociales ? Par la construction des formes linguistiques, des textes fondamentaux, des mythes et donc des cultures et des édifices architecturaux qui les représentent. De nos jours, tout cela est oublié et l’hermétisme, tout autant que l’alchimie, ne sont plus considérés que comme de simples et inconsistantes pratiques ésotériques et obscures. Le New-Age, ainsi que les gourous de l’astrologie et de la divination dite pythagoricienne ont fortement empiré ce glissement sémantique avec leur charlatanisme. L’hermétisme est donc dorénavant accouplé au confusionnisme, ce qui est une fantastique opportunité pour tout spéculateur qui sait bien que c’est la maîtrise du langage et l’exclusivité sur la connaissance qui permet à un seul individu d’en faire bosser des millions d’autres, tant qu’ils ne comprendront rien au système d’exploitation qu’il leur a vendu pour « améliorer leur vie de malheureux et courageux profanes ». Moldus comme le dit J. K. Rowling qui n’est pas en reste en matière de philologie et donc d’alchimie.


L’exemple de la fortune accumulée par les nouveaux gourous du langage informatique est édifiant ! Les foules de consommateurs sont totalement hermétiques au jargon scientifique de la programmation, de l’ENCODAGE et de la composition du hard ware micro ! Et côté constructeurs, le secret hermétique doit rester absolu, d’une marque à l’autre, d’un pays à l’autre !!! Secret industriel oblige… Et que rendent ces machines aux consommateurs ? De l’initiation à tout et n’importe quoi, un réseau d’informations codés qui permet pourtant « l’outre communication », la magie du virtuel et de l’Intelligence Artificielle qui améliorent dit-on la réalité (…) ou encore, un business de protection de données qui vous protège contre un business de vol de données…Et le pigeon reste le pigeon, rien de nouveau sous le soleil. Notons entre autres qu’un homme comme Bill Gates (dont la traduction du nom donne en français la « facture des portes »), prince du hard and soft wares, descend d’une famille de protestants dont l’ascendant s’est enrichi dans ses fonctions pastorales, convaincu que ce mouvement Luthérien à la base était une révélation et que ses descendants seraient les nouveaux « maîtres du langage ».  Pour le bien de l’humanité, cela va sans dire…  


Pour résumer notre idée, le fait est que l’hermétisme est devenu une pratique obscure qui cache alors qu’elle est censée révéler et permettre aux enseignants de vulgariser les sciences abstraites et de les transmettre aux humains communs auxquels le roi, le voleur et l’entité sociale prennent trop de temps pour ne pas être hermétiques à la connaissance de ce avec quoi on les instrumentalise. Cette culture hermétique est donc responsable du gap intellectuel entre sachants (mages) et ignorants (moldus), un gap qui fait de la politique un système d’exploitation fermé consumériste, une fête du slip et une orgie virtuelle et matérialiste entre maîtres et esclaves, tous volontaires à ce jeu d’échecs… et de supercheries psychologiques mutuelles. Newton serait le premier à nous dire que nous avons galvaudé les Arts alchimiques jusqu’à les rendre insignifiants, jusqu’à les faire sombrer dans l’oubli, jusqu’à ce que leur continuité se fasse si discrète que la maîtrise et l’instrumentalisation du langage ne nous améliorent plus, mais au contraire, nous avilissent en masse, de façon plus suicidaire que jamais.


Notre avis est clair, il faut briser ce socle hermétique pourri et rendre aux vrais alchimistes des langues véhiculaires ce qui leur appartient.  

La science moderne ne veut pas participer à ce débat bien que certains scientifiques s'y essaient comme Etienne Klein par exemple, physicien de son état et philosophe des sciences, dans ses tentatives de rapprochement entre la philosophie et la science ainsi que ses vulgarisations. Pourquoi? Parce qu’elle (l'esprit de la raison pure dont la sérendipité ne sert que la victoire des intérêts particuliers temporels) s’oppose à tout ce qui pourrait la ramener à ses origines : la sémantique pure (avant le développement de la lexicologie des sciences dures), la construction des allégories et métaphores religieuses (dans les écritures, les maths étant considérées comme trop mystiques et souvent contraires aux dogmes, toutes les allusions à ces prémisses de la science ont été codées et le demeurent), la conjugaison de l’art, de la philosophie et de la science logistique (politique)… Une origine qu’elle ne renierait peut-être pas si l’obscurantisme religieux ne s’était pas acharnée sur elle durant des siècles et si le matérialisme n’avait pas formé des petits génies des sciences appliqués qui se foutent de l’origine des chiffres et des lettres qu’ils manipulent, comme un chien de sa première laisse. Des petits génies capables d’améliorer les applications fonctionnelles de leurs prédécesseurs en occultant toutes les questions existentialistes et éthiques que ces derniers reconnaissaient pourtant comme cruciales… Une bombe atomique par exemple ou une nouvelle méthode pour faire muter un virus…


Je conclus en corrigeant des erreurs fréquentes :

 

L’hermétisme est avant tout ce qui sépare le sachant du profane, il est donc un phénomène propre à la politique et sous cet aspect, il est par conséquent plus ancien que le mythe de Thot et de l’« oracle égyptien ». C’est à cette époque que ce phénomène « plutôt banal » concernant la connaissance du subtil et son importance dans le domaine du pouvoir (démagogie politique et religieuse + ingénierie + secret d’architecte…) a pris une dimension mystique et très populaire qui demeure de nos jours.  


La culture grecque a en effet propagé ce concept grâce à son rayonnement et son écriture, c’est ainsi que le temple d’Hermès fut fusionné avec celui de Thot l’égyptien (sous la dynastie des Ptolémée). Néanmoins, Hermès Trismégiste n’est qu’un nom attribué à la somme des travaux de nombreux « initiés » ayant vécu à cette époque charnière, avant que Rome ne fasse table rase (de ce savoir cumulé). C’est au début du Moyen-âge que les textes et la philosophie alchimique ont trouvé un nouveau terreau culturel, malheureusement toujours teinté de mysticisme. Dans cette période assez obscure et confuse en matière d’échanges culturels et de redécouverte de manuscrits fondateurs religieusement polémiques, on peut comprendre que la philosophie de ce mystérieux « Trismégiste » soit demeuré opaque. C’est à la renaissance des arts, des sciences et des architectures que nos intellectuels ont enfin ouvert les portes « hermétiques » ! Mais pas pour de bon, cause de persécution. Tant que les alchimistes demeurent des  « hurluberlus » qui cherchent à faire de l’or avec du plomb ou qui affirment que le haut est aussi le bas, ce n’était pas un problème… En revanche un alchimiste du langage comme Pierre de La Ramée par exemple est « facteur » très compromettant. Ce dernier s’était permis de réformer l’alphabet (avec brio qui plus est) et de réaffirmer la valeur sémantique des chiffres et la valeur arithmétique des lettres au point de remettre les dogmes de l’Église romaine en question. Pire, l’influence de ces philologues alchimistes promettait de vulgariser le domaine du Saint-Esprit (langage) devant le commun des mortels. En d’autres termes, la déconstruction de nos dogmes, de nos langages et de nos architectures par les philologues et alchimistes du langage doit rester à la place qui est la sienne, là où personne ne regarde, en prison, avec Cassandre. Il convient donc de développer le caractère ésotérique de cette base des Arts libéraux, afin qu’elle devienne un simple opium légal pour amuser le peuple, une légende sans fondement et une foutaise qui ne risquera plus jamais d’être ressortie du grenier pour analyse, par les nouveaux enfants de la science, rompus au matérialisme.    


CAB et H.C. BLACK'S


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