L’Homme bête, les nombres, son intelligence artificielle et son image – Apocalypse au point zéro
- christophealexisbi
- 19 juin
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 juin

De nombreux clichés notamment véhiculés par le 7ème art selon Hollywood démontrent à quel point la culture de l’image galvaude les valeurs sémantiques de nos traditions orales et écrites : l’intelligence artificielle avance, les écrans « parlent » diffusant tout et n’importe quoi et l’Homme en « perd son latin ». Autant dire que les nouvelles technologies du langage nous permettent de fabriquer un univers virtuel, une médiocratie fantasmatique, qui nous fait perdre l’art du langage. Dans ce monde qui marche sur la tête, fantasmes futuristes, violences, moqueries, marchandisation de l’être et guerre de tous contre tous (…), ont le vent en poupe.
Partant de notre actualité quotidienne, mon prochain article et les 5 suivants auront pour vocation d’attirer l’attention sur la banalisation d’un mal de notre temps, disons d’une tumeur maligne qui se généralise - 6 articles faisant référence au cliché commun qui recouvre le sens originel de la notion d’Apocalypse. Dans l’univers des jeux et du spectacle, cette dernière passe pour une anticipation de la destruction totale et de la fin du monde. Le « terme » (une unité finie représentative) apocalypse est en effet lié au « terme » de quelque chose ne pouvant être infinie, mais il signifie « révélation de ce qui est caché » et non destruction, dans le sens absolu et définitif que nous lui prêtons. Les textes font pourtant référence à la fin des temps – dirons-nous… Mais de quels temps s’agit-il ? Et la fin d’une expérience spatio-temporelle signifie-t-elle la fin du temps et de l’espace ?
Imaginons maintenant que la fin des temps signifie la fin des ères où nos millénarismes arbitraires et conflictuels s’affrontent au nom de l’expérience de jeunesse d’une humanité aveuglée par la découverte de ses propres pouvoirs… Autrement dit, la révélation des complexes humains qui ont poussé l’Homme à asseoir sa domination sur le vivant et la matière inerte, au nom de Dieu dans un premier temps et au nom de son propre orgueil dans un second. Un complexe de langage semble-t-il, entre 1 (un moi, résultat d’une manifestation, d’un courant qui passe) et 0 (le tout et rien qui l’entoure et le constitue) … Et une incapacité à nous accorder à propos des notions d’unité, de dualité et de relativité. Le contrôle du nombre et de la masse, la mesure du temps et des espaces, la nature du pouvoir… De véritables casse-tête(s) propres à la bête humaine, mais surtout une obsession qui conduit l’orgueil roi, à faire néant.
Sous le soleil levant, bien avant la conquête coloniale des occidentaux, les affres de la guerre avaient engendré une certaine sagesse qui se distinguait d’un Dieu tout puissant et paradoxal, pour faire de zéro un simple juste milieu et du Moi un humble gardien, non un geôlier vaniteux … A méditer !
Voici ce qui aurait pu être l’avertissement du loup, de la panthère et de l’ours, dans le livre de la jungle : Petit d’Homme ne soit pas esclave de tes pensées. Si tu penses trop ou mal, tu bâtiras une tour de Babel dont le contrôle t’échappera. Le cas échéant admets tes torts et apprends à déconstruire ton expérience. Ou devient un père sévère qui persévère par orgueil, abuse de son pouvoir et impose ses connaissances à toute forme d’innocence.
Pour conclure cette introduction à mes articles, je vous propose une petite immersion dans l’univers philologique de Harry Potter et de « donner deux petits tours au retourneur » de temps : en acceptant l’élu qu’il avait pourtant crucifié et exécuté, l’Empire romain se serait-il converti stratégiquement au Dieu 0, unique et inatteignable, se dotant ainsi d’un dernier horcruxe pouvant assurer sa survivance durant les millénaires à venir ?
De nos jours, tous nos millénarismes, toutes nos traditions s’effritent de nouveau après une Renaissance, une révolution laïque et une apogée industrielle à laquelle nous devons de nouveaux « termes apocalyptiques » - l’anthropocène ou la collapsologie par exemple. À deux doigts de sa victoire globale, de son Nouvel Ordre Mondial, l’Empire n’a néanmoins pas dit son dernier mot et semble avancer la carte de l’eugénisme. Notons que la technocratie lui a permis de placer un dernier horcruxe dans l’élu des temps modernes : le moi individualiste ! Un « JE » pourtant très commun, un égo assisté, un orgueil amélioré, caractéristique de la génération Z (les derniers) et de l’incubateur de la nouvelle génération Alpha (les premiers). Une nouvelle ère futuriste s’annonce en grande pompe, une ère dans laquelle tous sont invités à vénérer une image qui s’anime et parle dorénavant d’elle-même, bien qu’elle puise son énergie de notre esclavagisme organisé au nom de la récompense numérique et financière.
La réunion des arts sémantiques et mathématiques pourrait-elle nous permettre de nous débarrasser du pouvoir fascisant que nous avons tiré du langage, tous aliénés par la « puissance » de notre expérience consumériste ? Un espoir rationnel, qui sauverait l’école et remettrait notre orgueil à la place qui est la sienne au sein d’un univers déterminé dont nous trahissons la nature en tentant de la contrôler.
Prochain article à « paraitre » : L’Homme bête et son image - partie 1
CAB
Yorumlar