
Cet article vous propose une déconstruction du discours présidentiel concernant l’État de Guerre, ainsi qu'une certaine idée... de la réparation.
Le chaudron, le poison viral et l'antidote :
L’équilibre entre les défaitistes et les va-t-en guerre, le juste milieu, une certaine idée de la vérité, l’humanisme... La rhétorique est irréprochable, bien rodée. Reste à admettre la seule vérité tangible : nulle vérité à entretenir un savoir et un mode de vie imposé aux autres peuples par la force, la ruse et la puissance technologique… Nulle philosophie tangible à cultiver la paix en nourrissant la guerre ou l’économie compétitive qui la dissimule derrière l’illusion du profit pour tous… Nul juste milieu à pacifier les extrêmes par tout accord tacite qui ignore notre échec dialectique réciproque…
Durant plus d’un siècle, l’Europe n’a-t-elle pas dénié le double tranchant d’une puissance mal acquise qui ne pouvait que se retourner contre elle et contre tous ? Acquis par le glaive, la souffrance et l’iniquité, nourri par l’esprit de compétition, la volonté de domination et la soif de vengeance qui s’y oppose nécessairement, le pouvoir grandit de lui-même et se développe en chacune des nations concurrentes jusqu’à les détruire toutes. Avant qu’elles ne s’entre-détruisent, l’Objet du pouvoir les ronge de l’intérieur par la servitude collective indispensable à une économie compétitive - une servitude volontaire dans le cas d’une pseudo-démocratie, une servitude contrainte dans le cas d’une autocratie. Soft et Hard power, les deux font la paire !
Autres questions et mises en solution :
L’Europe a-t-elle rendu compte d’une puissance et d’un rayonnement acquis par la colonisation des terres du Sud et de l’Orient ? Par la soumission de ces mêmes peuples qui se rangent aujourd’hui derrière la machine de guerre qui s’éveille de nouveau à l’Est ? Par la transposition perverse du vieux rêve d’un Alexandre ?
Les États-Unis ne sont-ils pas le narcissique reflet de l’amour propre et de l’orgueil des nations ? La « parfaite » représentation de la folie des grandeurs héritée de la vieille Europe ? Héritée de son expansionnisme autant que de ces guerres intestines ? Le super héros américain n’est-il pas ce fils surpuissant qui tend à tuer le père sans métaphore aucune ? Les pionniers américains ne sont-ils pas les enfants d’un vieux continent meurtri par son propre anneau de pouvoir ? Des enfants dupés par un Eldorado qu’ils ont obtenu au prix du sang versé ? Notre grand savoir a-t-il pris en compte les souffrances des générations métissées portant dans leurs gênes et dans leur mémoire la férocité blanche, la servitude noire et slave, la condition juive, la grandeur déchue de l’Islam, l’humiliation du dragon d’Orient et l’extinction de tous les peuples natifs qui vivaient en harmonie avec la nature ? Le sacrifice de l’innocence par l’abus de pouvoir, ne nous y « Trumpons » pas !
Les puissances de l’Est et du Sud n’ont-elles pas toutes subi l’humiliation des grands vainqueurs de l’Histoire d’hier ? Après avoir sacrifié des millions de vies pour libérer l’Europe d’un fascisme qu’elle a engendré elle-même, la grande Russie n’a-t-elle pas subi la même humiliation que la grande Allemagne ? Staline n’a-t-il pas saigné son propre peuple pour rattraper en un temps record leur retard dans la grande puissance promise par la mécanisation du travail et des Hommes ? Cette grande et perverse idée ne vient-elle pas du vieux continent et de son ami américain ? Ne vient-elle pas de l’hypocrisie religieuse et politique des vainqueurs qui se sont arrogés le droit d’écrire l’Histoire et de définir la carte et le territoire ?
Le président Macron affirme que l’on ne peut raisonner comme nous le faisions hier, mais dans cette formulation, prend-il en compte la sagesse de nos maîtres en philosophie ? Prend-il en compte ce que révèlent les métaphores bibliques, leurs symboles mathématiques et sémantiques cachés (apocalyptiques) ? Prend-il en compte le travail des alchimistes de la Renaissance concernant le pouvoir du logos ? Prend-il en compte les dystopies contemporaines ? Prend-il en compte la voix d’un Bernanos qui avertissait des catastrophes qu’augurait un monde en échec dialectique misant sur le pouvoir des machines, de la technocratie et l’intelligence artificielle ? Notre président, comme tant d’autres, n’est-il pas un simple intendant d’une entité sociale mondialisée dont le pouvoir échappe totalement à une humanité qu’il était censé servir ?
La guerre - Sous le voile des hypocrites :
L’anneau unique de pouvoir tel que nous l’avons forgé et tel que nous le concevons encore est un objet de nature sémantique et mathématique, totalement corrompu et arbitraire. Un « Objet précieux » qui ne sert nul vie ni aucun équilibre concernant une matière dite inerte que nous ne parvenons toujours pas à comprendre et à respecter. Tout comme ce zéro qui demeure inaccessible, inatteignable, fini et infini à la fois, non figurable, non « personnifiable »… Ce zéro que nous appelions Dieu désarmé et Dieu des armées… Ce zéro dont les attributs mathématiques nous ont permis d’engendrer toute notre technologie et de forger un unique anneau de pouvoir.
Adieu les cons, adieu les influenceurs et leurs influencés, adieu la servitude réciproque du maître et de l’esclave… Rien n’est plus important aujourd’hui que de briser enfin cet accord tacite purement consumériste qui nous gouverne tous et nous mène aux portes de nos propres enfers !
Détruire l’anneau revient à le plonger dans le feu de forge dont il est issu, en d’autres termes démystifier enfin cet objet du pouvoir qui ne tient qu’à l’instrumentalisation arbitraire du logos par des sachants dont la connaissance permet de manipuler les ignorants et de violer toute forme d’innocence. Entendons là la connaissance mise au service de l’instrumentalisation de la matière et des esprits, au nom d’une liberté plus que relative dans un monde déterminé. La causalité donc, qui nous fera payer le prix de nos actes sans la moindre intention propre, sans le moindre intérêt particulier.
Le langage porte en lui-même cette solution inattendue qui seule peut dissoudre un complexe de Babel vendu à des milliards de mains bonnes à tout comme « too big to fail » ! Or la maitrise du logos est l’art des sémanticiens, des philologues et des philosophes dont la raison, la foi et les sentiments fonctionnent encore en harmonie ; mais en aucun cas la pseudo connaissance des Hommes politiques dont la rhétorique et la démagogie sont une insulte au cœur intelligent dont la nature nous a fait grâce, par simple logique, par simple spéciation. Une insulte au principe de la similitude et de la différence, qui est à l’origine de ce feu que nous nommons atomique, nucléaire et que nous imaginons à notre service. Une instrumentalisation de l’atome et de la particule, source de nos « Lumières » artificielles et des armes que nous qualifions de dissuasives dans un fantasme reflétant l’âge mental d’une humanité en pleine guerre des boutons.
Épilogue :
N’en déplaise à toutes les hormones qui nous gouvernent, la course à l’armement est considérée comme une légitime stratégie de défense contre d’éventuels prédateurs agressifs ayant une avance dans le domaine… Mais dans un contexte de provocations mutuelles paroxystique, ce réflexe tardif clamé haut et fort ne peut qu’augmenter les tensions et a de fortes chances de provoquer le passage à l’acte de vos adversaires. C’est ici que l’on compte sur le jeu des alliances et les armes de destruction massives pour avoir un effet dissuasif. Bien malheureusement dans notre « guerre des boutons », chacune des grandes puissances belligérantes possède l’arme nucléaire et les poids des alliances respectives se valent. Par ailleurs, rien n’a dissuadé de plus petites et instables puissances de manufacturer leur propre armement nucléaire… Aujourd’hui notre tensiomètre d’alerte nucléaire vire au rouge, c’est un fait. Dissuasion disiez-vous ? La belle affaire ! Quoi qu’il en soit la course à l’armement n’est pas une solution plus efficace que le pacifisme des autruches, car elle ne résoudra en rien les hypocrisies, les échecs dialectiques et les altérités réciproques qui en découlent… Autrement dit l’effort militaro-industriel, en pleine crise et dans notre état de santé actuel, ne fera que nous aliéner un peu plus et ne guérira en aucun cas le nerf malade qui nous conduit tous à la guerre.
Notons aussi que le repentir n’est pas une faiblesse, mais la force d’admettre nos torts et d’assumer un profil bas devant un alter ego dont vous avez motivé l’agressivité. N’oublions pas que la compétitivité économique faisant fi de nos échecs dialectiques à l’échelle mondiale, est une idée reflétant notre état puéril et une bombe à retardement indigne de toute idée de la sagesse. Soit dit en passant, ce concept constitue la plus perverse des influences que la philosophie d’un Voltaire ait pu avoir sur le monde politique. Un point obscur dans la rhétorique du défenseur de la tolérance, une ambiguïté sur laquelle un certain Rousseau lui demandait des comptes. Ce duel cérébral soulève un des enjeux les plus cruciaux débattus durant le siècle des Lumières ! Néanmoins, face à l’avalanche néolibérale et au circuit de la récompense portés par la « toute puissance » du capital, force est de constater que nous avons éludé la question et choisi délibérément la bombe à retardement. La repentance d’un tel choix concerne chacune de nos nations et chacun d’entre nous - gouvernants ou gouvernés, riches ou pauvres, il semble que tous aient croqué dans la pomme.
Le repentir est une main tendue et un genou qui ne se plie que pour la vérité et la justice. Accompagné de la déconstruction de nos langages et des architectures qui en découlent, il représente la seule solution pour réparer l’Homme et sa machine hors de contrôle, pour entrer dans une nouvelle ère donc (pour reprendre le discours présidentiel), avant le grand retour des horreurs du fascisme, de la barbarie, du chaos général et de la guerre totale. A l’opposé, la nouvelle ère évoquée par notre président est celle de l’évolution technocratique vendue dans une optique de contrôle de l’involution cancéreuse de l’état de santé humain. Une vision empirique d’un « monde en marche » qui ne remet pas en question les erreurs humaines sur lesquelles sont fondées nos expériences.
Le cercle vicieux de la révolution permanente :
D’un point de vue matériel notre évolution est linéaire et laisse l’illusion du progrès, mais d’un point de vue non matériel, disons mental, il s’agit d’une boucle dont la psyché humaine est prisonnière, stagnante et reproduisant sans cesse ses erreurs. La seule chose de réelle dans cette illusion progressiste matérielle, c’est qu’à chaque ère le père abuse de son pouvoir en conditionnant le fils, jusqu’à ce que ce dernier tue le père en bâtissant l’architecture d’une nouvelle ère sur les cendres de la précédente.
En vous remerciant de bien vouloir partager ce texte tant que faire se peut, merci de votre compréhension.
CAB & HC Black's
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