Suite à un commentaire de Camille Gaspard :
Je cite :
"Dans la toile vibrante de notre ère con-temporaine, l'argent (ou l'anneau au choix) se dévoile comme un artefact de pouvoir subtil, orchestrateur silencieux de nos vies et de nos sociétés. Comme une force invisible qui tisse les liens de notre destin collectif, il manipule discrètement les fils de notre existence, décidant qui prospérera et qui languira dans l'oubli. Ce n'est pas seulement un moyen d'échange mais une empreinte de notre volonté collective, modelant discrètement les contours de notre réalité, bien au-delà des simples transactions matérielles. Sa maîtrise est semblable à celle d'un magicien moderne, où chaque manipulation révèle un peu plus notre quête incessante de contrôle, tout en façonnant subrepticement le théâtre de nos ambitions les plus profondes. "
Grand merci à l'auteur d'enrichir le fil fragile de ce groupe en tentant par ses propres mots de dissoudre l'opacité implacable à laquelle l'agora cybernétique n'oppose plus que des phrases célèbres ou des opinions populaires sans lendemain. Merci à lui de ne par clore toute discussion par quelques dérobades frileuses, merci de ne pas refermer le couvercle de la boîte de Pandore lorsqu'il est ouvert. J'évoque cette boîte noire omniprésente et pourtant totalement hermétique qui caractérise ce que nombre de philosophes et philologues définissent comme l'abus de pouvoir contrarié d'un Apollon en mal d'amour. La malédiction de Cassandre donc et le principal moteur de servitude réciproque entre influenceurs et influencés. Disons mages et moldus.
Déconstruire et réparer s'enrichit donc d'un nouveau membre dont la pensée semble un terreau fertile et une source d'énergie offerte à toute "π r" qui roule... Vous savez, ces petits cailloux dits inertes qui évitent l'asphyxie globale de la marre, ces insignifiants "objets" qui déclenchent parfois de véritables avalanches lorsque l'accumulation de matière semblait condamner toute échappatoire après une ascension imprudente du mont Capital.
En réponse à Camille :
Ce modelage discret dont les voies demeurent encore hermétiques (pour notre malheur à demi consentant) semble à son apogée, au bénéfice de ces "magiciens" qui pensent que leurs moyens les préserveront de la fosse (et fausse) commune des masses, jugées victimes collatérales de leur expérience. A son apogée si l'on en juge par le comportement de ces mêmes masses. Les réseaux sociaux en sont un parfait exemple !
Ces derniers, au-delà d'un nouveau jouet high tech pour communiquer entre joyeux larrons, sont un véritable indicateur sur les plans social et intellectuel, ainsi qu'un outil d'espionnage et d'influence connecté aux collecteurs de données dorénavant présents dans chaque demeure et dans notre poche lors de tous nos déplacements."Rien de nouveau sous le soleil, on nous l'a assez rabâché et les nouvelles idiosyncrasies ont achevé de nous gaver ! On ne veut plus rien entendre." L'Homme s'habitue à tout, avec quelques éléments favorables bien mixés, il s'habitue rapidement au pire. Gardons à l'esprit que l'écriture et l'imprimerie à grande échelle ont toujours été des outils de révélation ou de propagande, l'écriture (mathématique entre autres) étant aussi à la base de la construction des transistors, radios ou postes de télévision ! Et en matière de propagande boostée par la technologie, nos lectures et nos petites boîtes à son et images, nous ont toujours accompagnés dans notre quotidien : de la maison jusqu'au boulot, du boulot jusqu'au dodo et avouons-le jusqu'à notre intimité la plus totale dans nos toilettes. En revanche avant l'avènement de la technologie informatique, aucun de ces outils ne collectait nos données personnelles.
Cet immense pouvoir nous ramène donc à la question éthique liée à tout progrès : lorsque ce dernier nous permet d'améliorer nos outils et nos armes, il convient de se demander si nous assumions la responsabilité des anciennes. Car dans la négative, il s'agit d'augmenter nos moyens au détriment des besoins. Le grand dilemme de l'ingénieur est ici : l'Homme est en conflit avec la nature et ses semblables pour des raisons propres à la gestion de son libre arbitre et à son échec en matière de dialectique... Est-il vraiment raisonnable d'augmenter la puissance de mon groupe pour lui permettre de vaincre l'ennemi, sachant que l'ingéniosité de la nature et de nos adversaires ne chôme pas non plus ? Dans une cour de récréation où la bataille fait rage et génère des victimes collatérales, cela revient à se demander si l'on doit comprendre l'origine du problème et réconcilier les partis ou donner des armes à chacun.
Considérons de nouveau le cas de la révolution informatique et des réseaux sociaux :
Ces derniers semblaient une façon de partager et de découvrir tout ce qui était couvert par la censure, par l'élitisme ou par les droits de publication réservés aux influenceurs sélectionnés par la hiérarchie. En d'autres termes, le petit pourcentage de premiers de la classe ayant reçus les diplômes et le droit d'accès à la notoriété et au pouvoir de diriger ou influencer les autres.
Notons que cela fut parfaitement compris par nombre d'individus attachés à des groupements d'intérêts de toutes sortes, profitant de l'échec de la pensée conforme classique et de l'obsolescence des paradigmes d'anciennes générations pour infuser et diffuser les leurs. Néanmoins, ces groupements d'intérêts n'en sont pas moins élitistes, faisant des créateurs de l'IA et des premiers à en saisir le marché, de nouveaux gourous, de nouveaux dieux du monde néolibéral. Des "protestants" pourrait-on dire ironiquement, profitant de l'échec de la voie classique et d'un appel au changement légitime, pour affirmer un nouveau paradigme idéologique révolutionnaire dont la légitimité reste à prouver. J'utilise cette ironie en rappelant que le protestantisme est à la base un mouvement luthérien et calviniste fondé sur la remise en question des dogmes dérivés du christianisme, pour revenir aux sources et nous libérer d'une accumulation de richesses illégitimes. Il est donc étonnant de constater que ce mouvement a ouvert la voie d'une nouvelle donne dite libérale ayant enrichi ses leaders plus que de mesure, le libéralisme étant un courant hybride compatible avec la laïcité à venir et le matérialisme consumériste qu'elle a engendré. Une culture du capital Tout-Puissant donc, et le règne de l'argent.
Seriez-vous étonnés si je vous disais que nombre d'acteurs du néolibéralisme se foutent des enseignements d'un Luther comme un chien de sa première laisse, bien que leurs mentors ou parents directs soient issus du courant protestant et se soient enrichis grâce à l'impulsion du siècle des Lumières ? Seriez-vous étonnés si je vous disais que les fanatiques de l'Islam "pur", du judaïsme originel et du christianisme classique prennent ces événements comme prétextes pour dénoncer le sionisme et en faire la pierre angulaire de la théorie du complot ? Je vous laisse vérifier, c'est un fait manifeste.
Et qu'a pu engendrer cette grande confusion idéologique, en l'absence de mise en solution sur la place publique ? La démultiplication du domaine de la lutte, en d'autres termes le bel avenir de la guerre et sa financiarisation CAPITALE.
Autre fait remarquable : les rois de la grande révolution de l'information et de l'IA sont en grande majorité des enfants de la nouvelle donne protestante néolibérale et du "lumineux" paradigme matérialiste dans lequel l'exécutant salarié lambda n'a plus de compte à rendre, ni à la nature, ni au divin. Ainsi soit-il... A ce jeu, la Franc-maçonnerie tente toujours de se repentir du piège consumériste auquel elle a participé en s'évertuant à murmurer aux oreilles des ces nouvelles générations d'élites rompues à la raison pure et au désenchantement du monde. Une élite qu'elle a contribué à placer au pouvoir, mais qui leur échappe.
Au stade de l'âge bête adolescent, et donc bien après la perte de l'âge d'or propre à l'innocence, l'ironie de l'exercice illégitime du pouvoir est une subtilité qui échappe encore à l'orgueil faisant l'expérience de la rationalisation de l'étendue de ses pouvoirs.
Cette ère adolescente a débuté avec l'avènement de la civilisation sédentaire et plus particulièrement depuis le glissement du crime organisé pour la survie du clan au crime organisé pour la croissance et l'hégémonie du clan. Le crime légiféré, sécularisé pourrait-on dire, en d'autres termes : la guerre, ses lois, son économie, ses promesses de paix, sa légitimation globale par l'orgueil humain. Un complexe militaro-industriel reposant sur un jeu d'échecs et la protection des données dont la fuite donne aux agents habilités le droit de tuer.
La guerre des données et les nouveaux enjeux de l'IA, c'est la loi de l'hermétisme qui différencie le sachant des masses profanes, version 6.0...
Qu'a-t-on gagné côté utilisateurs ?
Des libertés libérales, un libre arbitre libertaire sans la moindre régulation,dans un univers et un écosystème pourtant déterminé.
Un humanisme débridé faisant des élites capitalistes et des prolétaires en quête de compensations matérielles de véritables héros égocentriques. Des humains "améliorés" imaginant que la merveilleuse machine issue du progrès leur ouvre les portes de la liberté d'expression et du droit d'écoute. Avec des millions de tonnes d'octets déversés chaque jour en réseaux, dans lequel trouver un ensemble de contenus cohérents ou un élément révélateur, relève du dilemme de l'aiguille dans la botte de foin. Noyée dans les opinions, toute vérité s'efface. Quelle triste farce !
Le réseau par tous et le réseau pour tous... Le progrès aux mains du roi, du gendarme, du voleur dont la pompe à fric et le pouvoir sont alimentés par la puissante masse des milliards d'utilisateurs auxquels on a donné de quoi s'occuper l'esprit entre le boulot et le dodo et qui s'imaginent les bénéficiaires de toutes ces lumières technologiques.
CQFD, l'IA est au service de tous les peuples ! Et ses créateurs, des philanthropes. Ces mêmes peuples qui ont obtenu le droit de disposer d'eux-mêmes grâce aux "Lumières"... Cet individu, le je, le moi, l'ego, enfin reconnus au nom des droits de l'Homme ; précisément lorsque la nouvelle idéologie matérialiste et progressiste a poussé les puissances dominantes à comprendre que l'esclavagisme originel n'avait aucun avenir économique.
Les printemps des peuples ont-ils été une libération offerte par la grâce de Facebook ? Ou des révolutions clé en main anticipées par les puissances dominantes, laissant à leurs poulains mégalomanes de dernière génération le rôle de sauveurs et dignes représentants du top de l'intelligence humaine et artificielle ?
La pyramide du New-Age et des nouveaux coachs de vie, ainsi que la célébrissime théorie du complot sont-elles d'anodins dérapages de cette nouvelle liberté d'expression ABSOLUE ? Ou une formidable façon de créer la confusion et de mettre "la grande vérité" dans toutes les bouches en crise de consentement, afin qu'une fois la fièvre retombée, la notion de vérité ne fasse plus sens ? En d'autres termes : la grande hypnose, la grande confusion du Sharp Power dans un contexte de mondialisation et d'essoufflement des ces deux gardiens de troupeaux en "bonne concurrence" qu'étaient le Soft power (démocraties) et le Hard Power (autocraties, dictatures).
Voilà donc le genre de réjouissances qu'ont gagné les utilisateurs convaincus que l'anneau de pouvoir puisse servir leur cause.
Quant aux utilisateurs passifs (la majorité d'entre nous), ils se contentent allègrement de voyeurisme et d'une augmentation technologique de leur petite sphère privée.
Quelques tests effectués à ce sujet et qui consistaient à publier quelques billets de bonne humeur sans le moindre sens, des blagues ordinaires, des "copier/coller" de phrases célèbres sans commentaire ou des photos de mon chat ou de quelques détails insignifiants de ma vie privée, ont été bien révélateurs du stade de lobotomie ambiant. J'ai cumulé plus de croquettes Facebook qu'en dix ans de publication de propos cohérents concernant les dangers qui nous guettent et la façon de déconstruire et réparer, depuis la source même de l'aliénation par la maîtrise du langage. La première et plus puissante arme des magiciens que nous évoquons ici avec Camille Gaspard. Autrement dit, les élites, les "élus", les influenceurs, les maîtres qui partagent des liens pervers avec leurs esclaves.
Tenant des propos plutôt honnêtes sur le plan intellectuel, divulguant des informations de nature délicates chèrement acquises par une réflexion permanente durant des années concernant nos impasses systémiques (parcours autodidacte) ainsi que quelques mises en solution partageables à volonté et de nature à réparer simultanément le local et le global, j'aurais pu espérer une mobilisation plus marquée sur les réseaux, de mon clan amical ou de mes fréquentations en soutien dans cette tâche, non la moindre. Mais je constate exactement l'inverse ! Seuls quelques vieux dragons fumant suivent discrètement mes mésaventures, partageant le fardeau du philosophe et faisant l'effort de jeter un œil dans la cour des miracles, un lieu très peu recommandable pour la santé des dragons.
Ce monde que nous souhaitions voir débarrassé des infamies les plus absurdes, les plus arbitraires donc (par opposition aux besoins réels et aux lois les plus déterminées) nous lui offrons désormais notre fuite en avant et l'affirmation de nos intérêts privatifs les plus ordinaires, par l'intermédiaire du progrès offert par la technologie consumériste.
Plus d'optimisme donc, plus de recherche de quelconques vérités qui puissent faire sens... Si ce n'est le positivisme à la carte, la toute-puissance de l'individualisme, la compensation virtuelle et privative pour tous, ainsi que cette nouvelle philosophie très en vogue : la vérité, c'est à chacun la sienne, que les "meilleurs" (les plus vendeurs, les plus opportunistes) remportent la timbale et les croquettes sociales ! On se croirait dans une arène de combat pour laquais.
Au temps de l'esclavage, une majorité des victimes se séparait en deux groupes : les plus violentés et oppressés, qui étaient prêts à dénoncer leurs défenseurs pour cause légitime de peur ; et les plus privilégiés par le maître, qui en faisaient de même mais avec la même assurance, la même froideur désinvolte que la main tenant le fouet : c'est ainsi mon ami, ne joue pas les Robin des Bois et n'évoque pas l'horreur, parce que tu ressembles à un Caliméro mégalomane incapable d'admettre la dure réalité.
C'est semble-t-il cette triste répétition de notre Histoire la plus sordide que notre conception du pouvoir et de l'argent implante dans nos cervelles de la façon la plus douce et la plus perverse qui soit.
Tel est consumé qui croyait consommer ... en toute liberté.
Camille Gaspard, j'espère de tout cœur que cette "lettre ouverte" à votre endroit puisse rendre hommage à votre bonne volonté et à vos propos. J'espère aussi que la provocation légitime qu'elle représente puisse créer une certaine émulsion sur les éventuels lecteurs.
A tous les curieux, les vilains petits canards, les bras cassés, les âmes en peine, les moutons perplexes (...) ayant atterri sur ce site, n'hésitez pas à interagir et à partager les fruits proposés, ils sont fragiles et encore trop méconnus.
Merci à tous et soyez les bienvenus !
CAB
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