Recette des jeux et des petits pains perdus en cas de déni de croissance apocalyptique - La bête humaine et son image - Partie 2
- christophealexisbi
- 3 juil.
- 4 min de lecture

Préambule :
Après un âge d’or perdu, propre à l’innocence, après une enfance brimée par l’autorité du père et des dieux de la guerre, suivie par une puberté marquée par l’obscurantisme, une Renaissance aveuglée par la Lumière artificielle et un âge de raison désenchanté sous le signe du « Moi absolu », l’humanité traverserait-elle une crise d’adolescence persistante ?
Allongeons donc l’orgueil sur le divan... Permettons à l’enfant qu’il est encore d’exprimer ces choses qu’il n’est pas convenable d’évoquer en société, permettons lui de parler du pouvoir et de l’obéissance… De parler de lui et des autres. Et octroyons-nous, ensemble, le droit de revenir sur les causes des conséquences :
Par péché d’orgueil, par compromission politique, il semble que nos prédécesseurs aient instrumentalisé le langage et les écritures fondatrices, mis la connaissance au service de la rhétorique et entretenu un jeu d’échecs dialectique pervers à l’échelle locale et globale. Ils nous ont ainsi transmis une expérience biaisée du logos, une pathologie du vivre ensemble, une économie de guerre et une volonté compétitive. Un héritage dont le poids et la complexité augmentent au fur et à mesure que nos capacités d’arbitrer et de gérer l’ambiguïté diminuent. Dans cette partie de Monopoly à l’échelle planétaire, les liens entre l’Homme et la nature, entre la connaissance, la responsabilité et l’innocence, n’ont plus le moindre sens.
Mais qu’a-t-on fait au bon Dieu pour en arriver là ?
Trêve de bondieuseries, à en juger par le sourire des marchands d’armes, par les profits du marché de la tentation, par les formes grossières, fascisantes et pourtant séduisantes que prennent nos différents langages (…) ou par les nouvelles tendances musicales et audiovisuelles consommées par parents et enfants, nous avons cultivé une sympathie pour le diable et ses démons. Entrons donc dans la cuisine de ce big boss de nos enfers et mettons-nous dans la peau de ses gentils avocats qui s’expriment entre nos deux oreilles :
Cher empereur des nations, ton heure est grave, ta folie des grandeurs a envahi le monde, tes abus sont impardonnables, mais nous comprenons que le déni et les illusions sont confortables ! Note que tes prédécesseurs romains ont jadis signé un premier pacte avec nous et par la force du Dieu unique et infini, que vous nommez désormais zéro, votre république s’est imposée durant bientôt deux millénaires. Nos conseils te permettront d’alimenter la grande hypnose sans Dieu ni maître et de contrôler le nombre pour un temps supplémentaire – et cela sans avoir à avouer tes torts, sans avoir à déconstruire ces précieuses architectures physiques et mentales que tu as bâti avec tant de souffrance ! Mais n’oublie pas, le contrat que tu signes avec nous est déterminé, tu devras donc, à terme, payer ta dette.
Merci d’avoir signé...

Voici donc notre recette des jeux et des petits pains perdus :
Les pets de nonne et les têtes de nègre ne sont plus au goût du jour, mais conservez vos vieilles recettes, elles ont toujours leurs fans. Bravo pour vos innovations en matière de servitude volontaire, mais attention : la grande cuisine industrielle confère un dangereux pouvoir à l’objet inerte qui risque de grandir au détriment de l’ensemble du vivant. Pour atteindre nos obligations de résultat, vous devrez laisser de côté l’éthique et la prévention des risques, anticipez donc une multitude de phénomènes coûteux en matière de santé publique (sur le plan physique et mental). Pour diminuer la pénibilité morbide des tâches, nos robots de cuisine sont une valeur sûre, pensez-y ! La grande bouffe et le confort du matériel aideront à faire passer l’indigestion générale provoquée par la grande guerre des chefs, mais baissez donc les armes, laissez retomber la guerre froide et optez pour un new deal économique. Certes, on vous reprochera d’avoir mal acquis votre monopole, mais nul ne résistera à vos miracles technologiques et aux « gourmandises pour tous ».
Dans vos établissements, lâchez du lest et montrez que chez vous le client qu’il est roi. La main de fer de vos concurrents jouera ainsi en votre faveur.
Gardez tout de même à l’esprit que la rudesse et l’esprit revanchard de ces derniers les rendra très compétitifs alors que chez vous, les vaches se feront bien grasses, les moutons dépressifs et les prédateurs neurasthéniques, c’est souvent le résultat du circuit de la récompense et avouez le, d’un monopole en effet mal acquis. Le gant de velours et la cuisine libérale ont leurs limites, anticipez donc la crise : pratiquez une stratégie d’immigration positive pour compenser une assimilation d’éléments indigestes, donnez à tous les fruits de la colère ce qu’ils veulent entendre, déglacez-les dans une infusion de sexe, drogue et rock’n roll, mettez en concurrence les germes hermaphrodites, mâles et femelles…
Pendant ce temps, faites macérer les pains de la veille dans un cocktail d’individualisme, de rupture consommée avec le passé et les traditions locales et judéo-chrétiennes. Mélangez tous les ingrédients préalablement conditionnés, faites du conflit un moteur économique et de l’esprit de compétition une valeur incontournable - ainsi seuls dégageront leurs saveurs, les ingrédients près à se débarrasser des autres. Astuce du chef arrangez-vous au préalable pour que l’Hôpital se moque de la charité.
A ce stade, le client roi sera on ne peut plus exigent, vos détracteurs vous reprocheront de pratiquer une cuisine eugéniste, vos concurrents se sentiront probablement prêts pour une nouvelle guerre des chefs et la préparation, très instable, risque de tourner au vinaigre. Fort heureusement votre enseigne dorénavant mondiale sera considérée comme « too big to fail ». Restez tout de même prudent : durant toute l’opération, ne laissez pas passer la lumière naturelle du soleil, travaillez les ingrédients de jour comme de nuit et installez des écrans dans chacun de vos établissements. En cas de crise intérieur sévère, laissez la foule se déchainer en réseau et lâchez donc le lest qui vous reste dans le spectacle et les jeux !
Enfin, pour lier le tout et obtenir le temps de cuisson idéal, laissez faire l’Intelligence Artificielle.
Notre recette devrait vous garantir le consentement, souhaitez solennellement bon appétit à vos clients!

CAB & HC Black's
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