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christophealexisbi

L’intérêt général selon les intérêts particuliers

Dernière mise à jour : 24 nov.



Bien commun ou intérêt général, utilitarisme ou volontarisme ? Un débat politique qui attire toute notre attention depuis la consécration de notre Renaissance par le siècle des Lumières, il y a environ deux siècles. Il est donc fort étrange que nous ne soulignions pas l’orientation sémantique qui réduit la valeur de ces mots à la seule activité humaine. Une telle bataille de termes et de concepts associée à ces derniers ne peut faire sens si leur définition première n’est pas le résultat d’une idée commune de la vérité concernant l’éthique et la responsabilité qu’implique l’exercice du pouvoir au sein d’un équilibre planétaire fragile et déterminé par la causalité. Au cœur de la république, tous ces débats sémantiquement tronqués ne sont plus que l’indigeste reflet de visions conflictuelles limitées par des phénomènes structurels, culturels ou identitaires propres au développement des entités sociales. Autant dire limités par l’appétit global d’une somme d’intérêts particuliers, qui compensent hypocritement nos échecs dialectiques et nos désastres consuméristes par le motif du profit matériel.


Comment un système d’exploitation peut-il être déclaré de bien commun ou d’intérêt général lorsqu’il ne prend pas en compte l’ensemble des entités, phénomènes, forces, principes ou lois qui l’entourent et le constituent ? Notons qu’à ce sujet, les peuples natifs que nous avons colonisés au nom du « complexe de Babel » nous avertissaient des conséquences d’une société insatiable nourrissant les appétences de l’Homme au détriment de la nature et de sa propre santé mentale. Les grands fauves faisant partie du grand spectacle utile au consentement du peuple, les romains eux-mêmes s’étaient aperçus de cette dimension écologique lorsque la pénurie de ces animaux fut comprise comme la conséquence d’une activité consumériste abusive sans précédent sur le sol africain. À leur décharge, les romains ne menaçaient pas encore l’ensemble du vivant et les hypothèses que nos ancêtres émettaient en ce qui concerne l’atome, ne leur permettaient pas encore de le violer pour se doter d’une omniprésente lumière artificielle et de la bombe atomique.


Ironiquement, c’est bel et bien la notion religieuse de bien commun qui se rapprochait le plus de cette idée de vérité universelle ne pouvant être réduite aux intérêts particuliers des Hommes. Hommes incomplets, corruptibles et peinant à se débarrasser de leur nature contrariée de « bêtes » domesticables. Bêtes de SOMME perdant leur libre arbitre face à la puissance de leur(s) propre(s) mouvement(s) de foule… Et face au pouvoir. Certes, l’autorité religieuse s’est fourvoyée ! Mais il est fort intéressant de constater qu’elle s’est corrompue pour des raisons politiques… Des raisons propres à l’incomplète humanité de ses représentants, rompus par l’ironie du jeu de pouvoir, dépassés par la puissance du nombre. Nombre mû par l’entropie de l’entité sociale et par la mécanique irrationnelle des foules. Car c’est bien dans ce contexte relatif à la question du pouvoir que l’obscurantisme – en tant que dogmatisme scientifiquement erratique – est né et que les trésors mathématiques et sémantiques de nos textes fondateurs ont été orientés ou falsifiés au profit de différentes et illégitimes idéologies du bien commun, fussent-elles utilitaristes (structurelles) ou volontaristes (sociales).


Plus ironique encore, les principaux leitmotivs des écritures nous renseignant sur les mécanismes du consumérisme et des tribulations finales à  l’échelle globale, ont été occultés au profit de lectures identitaristes  et une fois encore politiques, auxquelles nous devons les principaux conflits entre Juifs, Musulmans et Chrétiens. Autrement dit la guerre des trois religions pourtant issues du même œuf. Un œuf que chacun revendique encore, dans un conflit qui nourrit dorénavant le grand Marché de la compétition économique mondiale et les complexes militaro-industriels qui l’accompagnent - comme de braves Cerbères que l’on imagine domestiqués par le motif du profit. Le plus haut « sortilège » d’occultation étant fort probablement celui jeté sur la question de la nature du divin, de l’humain et du logos et sur l’ambiguïté des anneaux de pouvoir que la maîtrise du langage révèle à cet architecte et forgeron qu’est l’esprit humain. À ce titre, la bataille religieuse fait toujours rage et enrichit les actionnaires du domaine de la lutte et de la mort. Quant à l’entité laïque de dernière génération, elle se moque dorénavant des considérations philosophiques et philologiques concernant le sens du divin, du langage, du travail, de l’effort ou des interactions, tant que l’intérêt général est conservé et les vaches bien gardées dans leurs croyances respectives. Pourtant, une simple relecture des textes par le prisme scientifique (de dernière génération lui aussi) suffit à comprendre les pistes essaimées par nos ancêtres concernant la nature de Dieu (Zéro en tant que tout et rien à la fois fini, infini et inatteignable), de l’unité relative et représentative, de la dualité, de la relativité, de la quadrature (…) Nature des nombres dont les attributs respectifs, PARTICULiers, reflètent un univers cohérent de PARTICULES de matière à la fois déterminées et indéterminables, finies et infinies, formant un micro et un macro-cosmos par la grâce de 0 et de ce Saint-Esprit qu’est le langage. Nombres divins, abstraits, mais perceptibles, sensibles et intelligibles… Nombres entiers, naturels, relatifs, rationnels, imaginaires (…) aux valeurs arithmétiques, ordinales, cardinales, figuratives...  Nombres constructeurs qui délivreront leurs secrets d’architecte(s) et confèreront leur pouvoir à la première créature vivante que la spéciation dotera de mains fonctionnelles et d’une cervelle de magicien de la parole et de l’écriture – Le libre arbitre humain, contrarié par son existence temporaire, mais porteur du pouvoir que lui procure la connaissance sur le contrôle de la matière et des esprits. Un animal savant qui perd l’excuse de l’innocence pour un pouvoir qu’il lui faudra assumer dans un monde déterminé… Ne serait-ce que pour éviter de bouleverser « le bien commun » ou « l’intérêt général » au sens le plus large du terme, au point de menacer les conditions de subsistance du vivant à l’échelle planétaire. 


Quelle république renaissante peut-elle prétendre avoir respecté un épanouissement humain compatible avec le milieu « quantique » qui nous entoure et nous constitue ? Du moins mieux que ne l’avaient fait nos moyenâgeux prédécesseurs, aveuglés par l’obscurantisme et les dérives du droit divin… Soyons indulgents et laissons de côté la morale, la philosophie (recherche de la vérité), la foi, l’Amour ou la beauté, pour parler de simple intelligence, «  les choses rationnelles » donc :  après avoir été dénaturés, exploités et réduits à l’état de cerfs et d’esclaves, les peuples et les individus bénéficient dorénavant de droits et seront salariés pour assurer leur accès au confort matériel, au sein de sociétés dont les rancœurs et les traumas deviennent un instrument de la compétitivité économique en matière de politique intérieure et extérieure. La pacification par le moteur du profit, comme l’encensait un Voltaire opportuniste, malgré les avertissements visionnaires d’un Rousseau. Après de nombreux millénaires durant lesquels l’Homme assumait seul les conséquences de sa folie des grandeurs, deux siècles de cette expérience politique ont suffi à la nécessaire émergence d’un nouveau terme pour définir les conséquences d’un tel système d’exploitation intensive et compétitive : l’Anthropocène. Intérêt général selon intérêts particuliers...Goddam !


Immergeons-nous encore dans l’analyse factuelle de politiques affirmant solennellement garantir l’intérêt général : Que dire du retour de bâton du colonialisme et de l’hypocrisie politique du néocolonialisme, dans une mondialisation fondée sur la compétition économique ?  Que dire d’un « American dream » au nom duquel des esclaves affranchis et des européens fuyant l’adversité ont pratiqué un génocide sur les peuples natifs dont la terre leur était promise ? « God save America ». En parlant de terre promise, que dire de la déclaration Balfour qui a fait perdre tout son sens à la volonté des hébreux de reformer une nation unie sur leur aire de répartition d’origine ? Le cadeau empoisonné d’un maître colon à un peuple payant le prix de l’aventure coloniale depuis deux millénaires ? Que dire des accords Sykes-Picot qui embrasent le Proche-Orient depuis la fin de la seconde Guerre Mondiale ? Que dire des Guerres de l’opium menées par les dealers français et anglais contre la justice chinoise ? Que dire de l’hypocrisie des politiques françaises, anglaises et outre-Atlantiques lorsqu’elles ont une fois encore redessiné la carte des territoires en morcelant la grande Allemagne et la grande Russie ? Que dire de l’irrationalité et de la puérilité des peurs entretenues qui ont poussé des ingénieurs à fabriquer un bombe atomique avant des nazis que le manque d’uranium orientait vers d’autres options militaro-industriels ? Que dire du manque de discernement qui consiste à qualifier la puissance démesurée d’un armement de facteur dissuasif au service de la paix ? Dans un contexte de droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et dans un contexte économique libéral fondé sur la compétition, comment les grands vainqueurs ayant écrit l’Histoire à leur avantage peuvent-ils dissuader les vaincus de se doter des mêmes moyens qu’eux ? 

Pour formuler la dernière question de cette liste non exhaustive, partons d’un simple constat : l’instrumentalisation démagogique du logos par une autorité sachante pour gouverner les faits et gestes d’une masse ouvrière profane constitue un système d’exploitation aliénant éloignant l’individu des besoins communs (au sens naturel et universel du terme) et de sa propre capacité à assumer son libre arbitre dans un monde déterminé. Partant de ce constat indéniable et bien malheureusement occulté par le plus grand nombre, que dire de l’instrumentalisation du langage qui consiste à engendrer une IA « omnisciente, omniprésente et toute-puissante » à laquelle la foule profane ne pouvait qu’être totalement soumise et dépendante  ? A-t-on enseigné ce que révèlent les chiffres et les lettres depuis plus de deux millénaires, avant de les utiliser pour gouverner et faire rêver les profanes, pour ne pas dire les modus (dans le jargon philologique de J. K. Rowling) ?

Toutes ces décisions politiques n’ont pas besoin de jugement moral ou religieux pour prévoir et démontrer leurs conséquences perverses sur les moyens et longs termes. 


Faisons-nous l’avocat du diable… Et de la bonne conscience :

Face à une entité consumériste s’annonçant comme « too big to fail », l’illusion de la loi du plus fort nous conseille de nous adapter, tels des surhommes améliorés qui survivront aux faibles, en évitant la neurasthénie. Néanmoins s’adapter ne consiste pas à reculer les limites de l’impossible dans la souffrance collective pour répondre aux exigences d’une expérience morbide jusqu’à en devenir un esclave consentant. S’adapter implique plutôt d’affronter nos responsabilités en tant que créateurs d’un système arbitraire dont les conséquences néfastes sont bel et bien réelles. Ce qui impose quelques sacrifices à l’orgueil, seul capable de déconstruire et de réparer ses propres erreurs expérimentales, avant que la causalité s’en charge à sa place avec le lot de catastrophes ou de « solutions finales » dont l’Histoire nous a rendu témoins. 


Cet article n’a pas pour but la critique gratuite, si populaire soit-elle, mais au contraire la mise en solution. Les questions volontairement soulevées ici offre une piste de réponse de nature philosophique, philologique et réductionniste : l’intérêt  général ne sera jamais qu’un accord tacite véreux accélérant dangereusement l’entropie de nos systèmes d’exploitation, tant que nous ne déconstruirons pas ensemble nos architectures linguistiques et sociales pour comprendre et réparer les mécanismes qui enchaînent gouvernés et gouvernants, vainqueurs et vaincus (…), à une servitude réciproque globale et consumériste. Vaccin universel contre la démagogie et la faiblesse maline de l’orgueil humain, un tel enseignement est la seule façon de réduire un gap intellectuel qui caractérise la détermination morbide de tout mouvement de masse.


Déconstruire et réparer.


CAB.


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