Un autre monde, simplement plus juste, moins paradoxal, est-il encore possible ?
La nature qui ne nous attend pas pour accomplir le changement et rétablir les équilibres répond oui à cette question, avec ou sans nous. L'humaine question semble plus pertinente posée ainsi : dans quelle mesure pouvons-nous réparer ce qui peut l'être encore et comment sélectionner de meilleures graines pour que les prochaines générations n'entrent pas dans leur ère en reproduisant les mêmes erreurs.
A notre avantage, la "toute puissance" de la mécanique consumériste repose sur une pierre subtile, une "Pi r²" abstraite, qui renferme à elle seule les secrets les plus intimes révélant la fragilité et l'ironie de ce monstrueux pouvoir :
Les entités les plus monumentales, même hors de contrôle, ont toute une détermination dont la furie ne tient qu'à notre incapacité à admettre nos torts et à exprimer les motivations honteuses de nos cœurs brisés. Qui se traduit par une dépendance aux moyens imposées par le conflit et la compétition qu'il engendre. Et par un complexe de pouvoir : notre incapacité maladive à réduire l'équation intelligible de nos désaccords, parce que les intérêts de l'orgueil se concentrent entièrement sur les moyens de la victoire.
Personnalités physiques et morales - Holisme VS individualisme ?
Nations, blocs ou "mondialisamonstre", les entités sociales engendrées par la somme de nos intérêts particuliers ont leurs cœurs et leurs raisons propres, elles sont comme des IA et possèdent hard et softwares. Et leur mission consiste à gérer une masse irrationnelle d'intérêts particuliers dont le nombre et les exigences se multiplient au fur et à mesure que l'individu délègue son libre arbitre à la société, en oubliant le sens et les besoins communs.
Avant l'ère industrielle et néolibérale, ces entités étaient représentées par des personnalités morales identifiables et des icônes, autant dire qu' il y avait toujours une tête à couper en temps de crise générale. C'est ainsi qu'allaient les révolutions, les majorités et les minorités jouant à la chaise musicale. Mais de nos jours, la gouvernance d'un tel nombre d'intérêts particuliers éloignés des besoins COMMUNS, ne peut plus relever que de son économie. Il en résulte que sa complexité échappe à l'individu COMMUN. Individu qui, totalement concentré sur ses moyens, s'est ironiquement mais naturellement doté d'une machine capable de faire le job à sa place. Une entité fatale dont la logique est imperturbable, gérant les nombres et les équations bien plus vite que l'Homme... Et que personne ne saurait accuser d'être un roi tyran, une idéologie humaine ou un quelconque parti pris. Quant au jeu de la chaise musicale, il s'accélère, il démontre chaque jour un peu plus l'impuissance des concurrents en piste face aux enjeux de la partie et la moitié des masses que l'on voudrait électorales, n'y prête plus attention.
Sauver ce qui peut l'être et sélectionner de meilleures graines sera toujours possible, moyennant néanmoins quelques efforts de déconstruction et de réparation qui ne peuvent se résumer à de simples formules, malgré notre engouement pour les slogans et les contre slogans politiques, pour les belles figures de rhétorique (...) et pour le prêt-à-penser dont nous boulottons les plats, rivés sur nos écrans.
Avant d'ouvrir le "Grand livre de la mécanique humaine", l'apprenti réparateur devra comprendre quelques principes de base pour se distinguer de ses prédécesseurs dont les activités de production et de destruction exponentielles ont asphyxié la planète. Un de ces principes consiste à reconsidérer notre façon de concevoir les relations entre l'individu et l'entité sociale incarnée par la somme des individus, il se résume poétiquement aux quelques lignes choisies pour introduire ce court article :
"Les entités les plus monumentales, même hors de contrôle, ont toute une détermination dont la furie ne tient qu'à notre incapacité à admettre nos torts et à exprimer les motivations honteuses de nos cœurs brisés. Qui se traduit par une dépendance aux moyens imposées par le conflit et la compétition qu'il engendre. Et par un complexe de pouvoir: notre incapacité maladive à réduire l'équation intelligible de nos désaccords, parce que les intérêts de l'orgueil se concentrent entièrement sur les moyens de la victoire."
CAB
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