Bonjour à tous.
J'ai rédigé ce nouvel article pour répondre à une question fort intéressante posée par quelques lecteurs fort intéressants... Disons sages et avertis. Le ton est léger, parce que les questions pertinentes me ravissent, d'autant que dans la procession collective le silence des agneaux pourtant inquiets fait loi. D'une manière générale, lorsqu'on donne l'illusion en spectacle ou que l'on jette un scandale dans l'arène publique, la foule s'exprime, s'agite et fait beaucoup de bruit ; en revanche lorsque l'artiste ou l'orateur brise le voile sucré des ces illusions, un calme électrique se fait sentir et le nombre quitte la salle la tête baissée pour reprendre la procession globale en attendant une meilleure récréation. Autant dire qu'on ne me pose que très peu de questions pertinentes à propos de ce sujet subtil, brûlant et politiquement incorrect qu'est la déconstruction du langage par la voie dite hermétique. Les alchimistes, on les aime lorsqu'ils nous vendent des romans exotiques allant dans le sens de la "spiritualité pour les nuls" ou du développement personnel ! Lorsqu'ils remettent tout en question, on les observent en silence, en attendant que l'empereur lève ou baisse le pouce... Histoire de ne pas avoir d'Histoire... (Humour nihiliste, pardonnez-moi.)
Les questions se résument ainsi : existe-t-il des ouvrages de référence bien détaillés en matière d'arithmancie, qui se distinguent de la foison d'ouvrages concernant l'Histoire du symbolisme, de l'alchimie, de l'hermétisme et de la culture de l'ésotérisme ?
Bien malheureusement la réponse est non, pas à ma connaissance. C'est très troublant à exprimer pour moi, mais j'en suis venu à l'Arithmancie par un biais totalement différent de la relation maître/élève ou élève/livre. Sans regret sur un trajet autodidacte, j'avoue néanmoins qu'un maître m'a souvent manqué, pour le soutien moral. Bien malheureusement pour trouver un maître digne de ce nom en la matière, il faut s'inscrire dans de hautes écoles de sémantique et de linguistique, sachant que ces cours très particuliers font l'objet d'une sélection sévère des élèves et aspirants. Or l'élitisme, très peu pour moi ! Côté lecture le problème est le même car nombre d'auteurs sont des opportunistes bien renseignés dont le business fleurit depuis les années 70. Les œuvres les plus respectées viennent d'élèves de formation maçonnique ou d'amateurs talentueux en quête du Graal et du "secret des secrets", une quête menant de Thot à Hermès, de Hermès à Jésus, de Jésus au grand mensonge de l'Église et à l'assassinat de Jacques de Molay, et de ce dernier aux mystères et aux trésors souvent fantasmatiques de la symbolique maçonnique... Toujours un fond de vérité, mais un peu trop ésotérique pour ma part et bien souvent de longs ouvrages dont les interprétations de l'Histoire demeurent sans intérêt pour un esprit rationnel. J'avoue avoir feuilleté quelques ouvrages concernant l'alchimie, mais en diagonale et sans jamais trouver quoi que ce soit de cohérent en matière d'arithmancie appliquée dans la construction des principales langues véhiculaires. Les faits les plus remarquables que j'ai pu noter concernent Umberto Eco. J'en profite pour vous conseiller le nom de la rose (qui aborde le sujet et son importance morale et politique au moyen-âge, mais sans ouvrir le local technique) et surtout le pendule de Foucault qui démontre assez bien les enjeux politiques discrets tournant autour de la question de la mesure du temps et des espaces ! Umberto Eco était de ceux qui affirmaient que nous avons perdu notre latin et égaré nos anneaux conceptuels ainsi que nos symboles les plus révélateurs, pour cause d'obscurantisme et plus tard d'intérêts politiques fondés sur l'ignorance de la main d'œuvre. Il le disait à demi-mot dans ses ouvrages et certains interviews. Mais lorsqu'il a obtenu tous ses diplômes et prestigieuses distinctions, il n'a absolument plus rien dit et a fini par avouer qu'au fond, il n'avait jamais trouvé le Graal qu'il cherchait dans sa jeunesse. Dans un excès de fausse humilité, il en a aussi conclu que cette quête des mythes, des signes et des symboles perdus n'était peut-être qu'un rêve d'historien et un espoir d'alchimiste. A sa décharge, la serrure hermétique scellant la question du pouvoir et des arts libéraux, et surtout le domaine de l'arithmancie, font aux sémiologues le même effet qu'un mur de Planck ayant stoppé la course de nombreux physiciens vers le prix Nobel. Je pense que Umberto Eco n'a pas souhaité finir comme un Deleuze face au déconstructionnisme ou comme un Nietzsche face à la question du nihilisme dans un contexte occidental en route vers le matérialisme et les aliénations identitaires. La sérendipité a un prix, qui consiste à venger Osiris et à arracher celui de nos deux yeux qui est le plus apte à lire dans les ombres du doute pour atteindre le domaine de la zemblanité.
Mon trajet a donc été autodidacte et mes lectures de nature encyclopédique à des fins de vérification de mon cheminement intellectuel. Pour faire court, il y'a environ une vingtaine d'années, la philosophie m'a mené à la systémique et à l'observation de l'Histoire de l'Homme et de ses entités sociales... qui m'ont mené aux raisons de l'échec dialectique... qui m'a mené à la construction architecturale des mythes fondateurs et des langues véhiculaires, que j'ai comparé à nos connaissances en matière de sciences dures. C'est à partir d'ici que j'ai questionné Dame mathématique et ai laissé les chiffres, les nombres et leurs multiples propriétés m'expliquer toute la partie technique.
Grande a été ma surprise lorsque j'ai compris dans quelle boîte de Pandore j'avais mis le nez !
Une phrase dit qu'un historien ou un épistémologiste des sciences qui nage dans le bonheur et ne témoigne pas de la comédie dramatique qui se joue depuis quelques millénaires, n'est ni un véritable historien, ni un véritable scientifique. Disons plutôt un simple carriériste, un ouvrier exécutant remercié pour sa contribution à un progrès qui nous tuera tous. J'ai repris l'idée avec mes mots et j'avoue avoir oublié les noms des "illustres" personnages ayant alerté sur cet état de fait.
J'ai souvent remarqué que les passionnés d'alchimie et de savoir hermétique cherchaient ce "Graal" en imaginant trouver la vérité, disons la révélation, dans de fabuleux ouvrages, les plus rares et les plus anciens possibles... La passion stimule, mais estompe parfois les facultés analytiques ! Il n'existe aucun vieux grimoire, ni aucun ouvrage révélateur de ce "complexe de Babel", du moins aucun qui puisse résoudre notre équation du "Graal" et de la malédiction frappant les chevaliers et les représentants du pouvoir. Et cela pour les raisons suivantes :
Lorsque nos langues véhiculaires se sont structurées grâce à l'écriture (aboutissant au langage alphabétique représentatif des langues phéniciennes, hébraïques, grecques, romaines... ou d'autres langues utilisant encore les pictogrammes et les idéogrammes), nos ancêtres ne disposaient que d'hypothèses scientifiques pour assembler les concepts sémantiques et réductionnistes. D'où les allégories et les énigmes cryptées de nos textes fondateurs.
Au Moyen-âge et jusqu'à la Renaissance, cet art porta le nom de savoir hermétique et devint la base des relations perverses entre maître/sachant et élève/exécutant, dans le cadre de civilisations réclamant une obligation de résultat et une croissance motrice d'aliénation. Néanmoins, c'est ici que nos alchimistes ont découvert ce que l'on peut appeler le pot aux roses et la clé de la boîte de Pandore. Les persécutions allant bon train et fracturant les relations entre les futures sciences dures et l'autorité religieuse, l'art de l'encodage et la culture du secret entre initiés et profanes prit ici une tournure dramatique.
Et enfin, dans une troisième "ère" la donne fut inversée et l'on se passa de Dieu et de l'autorité religieuse pour entrer dans un mode de vie consumériste matérialiste faisant fi du sens que l'on peut donner aux métadonnées et aux particules du langage commun ou du jargon mathématique. Dès lors, seuls comptèrent les résultats politiques, économiques et technologiques des nouveaux maîtres du langage. Dans sa revanche contre l'ancien monde de persécutions obscurantistes, la science fut mise au service du seul progrès matérialiste, cœur sacré du nouvel HUMANISME URBAIN. Pour reprendre les travaux d'un Pierre de La Ramée, d'un Etienne Dolet ou d'un Champollion, pour tenter de décrypter nos énigmes bibliques en dehors du contexte orienté des différentes confessions religieuses ou pour expliquer l'évolution plurimillénaire de l'architecture de nos langages véhiculaires, bref pour "décrypter enfin la crypte" de façon rationnelle, nous n'utilisons les données scientifiques et la contribution des spécialistes que depuis deux ou trois générations ! Sachant que cela comporte toujours un grand nombre de révélations politiquement incorrects vis-à-vis des autorités religieuses et de la culture de l'oubli caractérisant l'aliénation productiviste de nos systèmes d'exploitation modernes.
Autrement dit, même les amateurs d'alchimie cherchant le chaînon manquant dans de vieux grimoires hermétiques n'y trouveront rien de plus que les impasses contextuelles qui limitaient les précurseurs de cet art. Tout comme les amateurs de technocratie creusent un puis sans fond dont les révélations ne font qu'augmenter l'entropie d'un système vicié depuis la base. De leur côté, les millénarismes religieux tentent de se réapproprier ce savoir ancestral perdu pour des raisons politiques et passé aux mains de la Franc-maçonnerie depuis la révolution des Lumières et du libéralisme. Malheureusement juifs, chrétiens et musulmans travaillent chacun dans leurs coins respectifs, en faisant dire aux chiffres, aux lettres et aux énigmes bibliques ce qu'ils ont envie d'entendre pour justifier leurs positions identitaires, politiques et religieuses.
Des chevaliers cherchant un Graal inaccessible et consumant tout sur leur passage pour le trouver. C'est ce que l'on appelle l'ironie du pouvoir dans la légende du roi Arthur.
Néanmoins, en se libérant de toutes ces écoles dont la compétition ressemble à un scenario de film de Kung-fu (notons bien la relation de maître à élève), le langage parle de lui-même ! La création et le langage ne nous ont pas attendu pour s'exprimer !
Pour vous résumer cela en quelques derniers mots, je pense que nous avons aujourd'hui les connaissances scientifiques suffisantes pour clarifier et unir l'ensemble de nos "Saintes Écritures" et pour démystifier les quiproquos culturels, identitaires et religieux qui sont de nos jours une base de conflit entretenue pour la croissance économique d'entités sociales en compétition, au détriment des individus qui les composent et de la nature qui les entoure et les constitue.
Je vous conseille néanmoins de lire le corpus hermeticum du légendaire Hermes trismégistre et de le comparer aux allégories helléniques, bibliques ou védiques en utilisant comme prisme de lecture les découvertes ayant affirmé la crédibilité des sciences modernes. Le tout en vous appuyant sur le principe de sommation arithmétique de Pythagore validé plus tard par Leonhard Euler concernant l'ensemble du domaine des équations. Cela pour aborder le local technique de l'arithmancie et traduire dans nos textes un certain nombre de mots et d'expressions énigmatiques demeurés jusqu'ici sans réponses accessibles au public (profane). Pour compléter ce travail, je vous conseillerais aussi de le mettre en relation avec ce que Camus appelait les dérobades des philosophes face au "pourquoi" relevant de la question existentielle. L'existentialisme regorge néanmoins d'auteurs ayant abordé le problème des glissements sémantiques à travers l'Histoire (plus le pouvoir grandit plus la masse perd son latin), pour de sombres et politiques raisons propres à l'éteignoir et au désenchantement du monde.
En ce qui concerne l'arithmancie appliquée à la sémantique et aux principes mathématiques cachés derrière nos architectures linguistiques, je propose aussi de questionner directement dame mathématique pour revisiter les propriétés des nombres (y compris les nombres figurés pour l'aspect géométrique) et des ensembles, abordées entre le collège et la terminale. Et il est fort intéressant de mettre cela en relation avec les bases que l'école nous a transmis en matière de chimie, de biologie, de physique, d'économie, de littérature, de mécanismes d'Histoire, de langues mortes et vivantes, de philosophie et de musicologie. Toujours entre le collège et la terminale, autrement dit le cycle scolaire de l'apprenti magicien auquel on apprend en premier lieu que la magie n'existe pas, les mensonges parfois traumatisant du Père Noël, du marchand de sable, du lapin de Pâques et de la fée des dents, étant déjà un gros effort ou des traditions absurdes auxquelles les parents s'attachent encore sans trop savoir pourquoi.
Concernant la valeur numérique des lettres alphabétiques et de leur graphie, décidée sans négliger leur valeur phonétique, nos ancêtres avaient un problème inverse du nôtre : nous avons du mal à concevoir comment un alphabet peut être mis en relation avec de quelconques propriétés mathématiques ou géométriques, alors que nos anciens avaient des nombres et quelques symboles pour première représentation graphique et phonétique des lettres. Avant d'être les lettres alpha (A romain) et oméga (grand 0 "long" ou petit o), ces deux termes étaient 1 et 800, symboles du début et de la fin, finalité dont l'Oméga en tant que signe sémantique représente la nature incalculable mais approchable. Tout comme 8 qui n'est pas le dernier chiffre avant les nombres, mais a été choisi comme signe attribué à la notion d'infini. Entre autres parce qu'il est le cube dans la sphère, le cube de 2 (ou cube du segment formé par la dualité), la base cubique du repère orthonormé en 3 dimensions et 6 directions. Bref une base géométrique incomparable permettant de mesurer les phénomènes dans le temps et l'espace et de modéliser graphiquement l'ensemble des calculs algébriques. Pour finir, l'attribution des valeurs numériques à l'alphabet romain (inspiré par ses ancêtres phéniciens et grecs) a fait l'objet de nombreuses mises à jour depuis la dissolution de l'Empire jusqu'à la dernière réforme apportée par Pierre de La Ramée. La base de dénombrement utilisée est formellement le système décimal depuis la Renaissance, bien que le système sexagésimal soit longtemps intervenu dans les anciennes numérations des lettres romaines. Le système décimal est la seule base qui permette une simplification cohérente des nombres par une simple sommation des termes consécutifs.
La réponse est un peu longue mais je pense vous avoir laissé de bonnes pistes de réflexion et quelques antiques ouvrages de référence à comparer avec les champs ouverts par l'existentialisme, l'utilitarisme et le déconstructionnisme. Sinon, pour la poésie, pour la prouesse visionnaire des auteurs ou les jeux de piste arithmantiques cachés derrière les romans, je vous conseille de lire le Seigneur des anneaux ou Harry Potter, dans leur langue d'origine si affinité.
Pour ma part, tout cela est le résultat d'un travail de réflexion, de recherche et de vérification que j'effectue chaque jour depuis une quinzaine d'années, en n'écoutant pas les bons conseils m'exhortant à rejoindre un des moules ou une des écoles existantes. Une position risquée qui a cependant l'avantage de m'écarter du jeu des "sachants" et des "moldus" classiques, tout autant que des courants ésotériques, spiritualistes ou complotistes. Tous ces bons conseils et ces bons conseilleurs, qui au vu de mon amenuisement m'affirment que je vais y laisser ma sécurité sociale, ma famille et ma peau. Je précise cela pour réaffirmer la double signification du mot hermétique et la toute puissance perverse que le phénomène engendre de nos jours...
Bien qu'il n'y ait rien de vraiment nouveau sous le soleil.
CAB - L'arithmancie derrière l'opacité hermétique
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