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Abus de pouvoir – Ambiguïté de l’autorité, du consentement et de l’intérêt général

  • christophealexisbi
  • 4 juin
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 7 juin




Abus de pouvoir, perversion narcissique, prédation, agressions mentales, physiques et sexuelles… Ce qui demeurait poussière sous le tapis envahit dorénavant l’air déjà  pesant de la place publique. Notamment grâce aux petites voix qui sortent du silence, grâce aux petites mains qui montrent qu’elles sont aussi des poings… Petites, elles ont néanmoins le bénéfice du nombre ! Et bien qu’elle soit toute puissante, la tour de la domination du fort doit changer son fusil d’épaule. La justice quant à elle se réveille d’un long sommeil imposé, mais se retrouve dépassée par cette rupture subite d’un pilier fondamental de « L’ACCORD TACITE ». Voilà qui donne néanmoins un espoir démocratique réel en démontrant les limites du pouvoir admis et en attirant notre attention sur le hurlement longtemps étouffé de la zemblanité en tant que régulateur des dérives arbitraires de  la sérendipité ! Entendons par là les voix et les cris des considérés comme faibles et négatifs, dominés par les chants d’une réussite pourtant mal acquise par les considérés comme forts et positifs.


Reste à comprendre l’ambiguïté de ce que l’on considère comme fort, faible, positif ou négatif :

La force par exemple est communément associée à ceux qui  dominent par le nombre ou par la faculté de gouverner ce dernier, pourtant aucune de ces personnalités physiques (individu) ou morales (attroupement) n’échappe à la faiblesse dès lors qu’on ne réduit pas le ratio « force-faiblesse » au seul concept de la domination et de l’adaptation dans la hiérarchie sociale telle que nous l’entretenons. Citons en premier lieu les faiblesses qui ont conduit l’Homme - dit civilisé - à violer les lois de l’équilibre naturel et à outrepasser ses prérogatives dans le  jeu de l’adaptation : l’égocentrisme, l’obsession du contrôle, la vanité que nous procure la démonstration de nos pouvoirs, le caractère fasciste et manipulateur que nous cultivons aveuglément dans notre expérience du langage, la compensation de l’échec dialectique par les profits que l’on peut tirer de la guerre (…), ainsi que l’insatiabilité, la gourmandise, l’avarice, l’acédie, la luxure ou la colère (de nos jours compensées par le circuit de la récompense et contenues par l’autorité bienpensante). Et gardons à l’esprit qu’après toute grande révolution, les "considérés comme faibles" de la veille deviennent les "considérés comme forts" du lendemain. De ces deux points de vue fondamentaux la domination des influenceurs et des influencés n’a plus la moindre légitimité en tant que force positive propre à l’adaptation des espèces dans un équilibre écologique et moral durable.  


Que de symboles ! Et Dieu seul sait à quel point l’instrumentalisation des signes et des symboles sont à l’origine du pouvoir et des langages du pouvoir. Entre autres, la confrontation « zemblanité et sérendipité » fait référence au combat entre Seth et Osiris selon la cosmogonie égyptienne, ou (sur une formulation moins manichéenne) à la malédiction de Cassandre selon l’allégorie des textes de la Grèce antique… Bref, voilà qui invite à briser les accords tacites sur lesquels notre vision positive du progrès repose. Et à rompre « le silence des agneaux » ! 


Revenons donc à nos moutons ... Autant qu'à toutes ces créatures sauvages abusées, violées, dénaturées ou anéanties par cette idée virulente que l'on se fait du pouvoir :


La question du viol et de sa définition est au cœur de nos enjeux sociétaux, car ce qui caractérise le viol nous ramène aux notions d’abus de pouvoir sur l’innocence - de responsabilité de nos actes - de légitimité de l’autorité et du consentement - de libre ARBITRE donc - et de causalité. En outre elle est aussi au cœur de l’héritage pesant de nos différents modèles de société patriarcale. Ce qui inclut les lois ARBITRAIRES de la domination – théories pourtant  obsolètes et ayant longtemps porté préjudice à notre vision commune de l’adaptationnisme. Au-delà de la question relative au sexe, l’abus de pouvoir sur l’innocence et la domination du faible par le fort concernent l’ensemble du vivant : on les retrouve dans le paradoxe de l’Homme au centre de l’univers, Homme dont la civilisation consumériste a abusé de son pouvoir sur l’animal sauvage et domestique, ainsi que sur le règne végétal et l’ensemble du domaine environnemental… On les retrouve encore dans notre volonté de contrôle de l’atome et dans nos manipulations des forces dites FORTES et FAIBLES… Et faut-il le dire, elles entretiennent encore le complexe maitre/esclave et fourvoient les INTERACTIONS entre le nombre et l’élite, entre le maître et l’élève, entre les rois du marché et les consommateurs ou - pour reprendre une expression de Léo Ferré - entre les têtes pensantes et les mains bonnes à tout. En physique nucléaire nous définissons comme force forte celle qui tend à maintenir et comme force faible celle qui tend à transformer. Nous retrouvons les mêmes notions en matière d’art sémantique et de psychologie. Voilà qui donne « substance » à penser, à re/fléchir…  


 



Il y a quelques temps, la loi Schiappa a redéfini la notion du viol dans ce sens (le viol est caractérisé par l’abus de pouvoir sur toute personne n’ayant pas encore acquis la pleine responsabilité de ses actes et de son obéissance à une quelconque autorité. Pour mémoire, la nature populiste et démagogique de la plupart des slogans hostiles à cette loi démontre l’aliénation et l’état de confusion des individus cultivés en masse – et donc l’ironie significative qui plombe un pouvoir mal acquis, comme une ombre planant depuis plusieurs millénaires sur un orgueil humain et son amour propre, obsédés par la volonté maladive du contrôle. Bien qu’elle fût critiquée par un grand nombre de voix témoignant de la contemporaine crise du consentement (conspirationnistes en tête de fil), cette loi a pourtant posé un gigantesque dilemme à l’autorité : que se passerait-il si cette définition était reprise par la justice, pour caractériser toutes les formes de viol, y compris les abus que nos conceptions du droit et du devoir font subir à l’ensemble du vivant ?

Seul critique légitime de la loi Schiappa : la fixation d’une limite d’âge au bénéfice de la présomption d’innocence du consentement ( consentement supposé par absence de preuves d’une résistance physique significative - en d'autres termes : coups et blessures subis par la victime au cours de son acte de résistance ).


A charge contre le législateur : l’ignorance qui s’ignore étant à l’adulte ce que la puérilité candide est à l’enfant, elle est aussi une forme d’innocence manipulable à souhait par l’abus de pouvoir. Et si l’on considère le poids du conditionnement et les pressions sociales exercées sur les individus, peut-on affirmer que tout adulte est un être responsable de ses choix de soumission ? Notons que le caractère falsifiable de la question du libre arbitre n'a toujours pas abouti à une nouvelle et commune définition de ce terme, mais à une condamnation pure et simple de la notion par le rationalisme moderne. Autrement dit, l'Homme n'a pas le contrôle de son vouloir, les forces du déterminisme et de la causalité le dépassent, il n'est que le fruit des conditionnements qui s'appliquent à sa personne et par conséquent ce qu'il imagine son choix n'en est pas un. Bien que cette nouvelle conception déterministe soit incomplète - disons que sa légitimité absolue soit aussi inatteignable que le nombre 0, force est de constater que l'individu ne fait pas le poids face aux multiples conditionnements dont il fait l'objet. Et pour le dire avec humour, tout le monde n'a pas le "démon" d'un Socrate, l'endurante compassion d'un stoïcien ou la "profonde légèreté" d'un Spinoza... Et pour le dire avec ironie : la servitude est une Némésis patiente, mais plus impitoyable avec ceux qui se croient libres qu'avec ceux qui en ont reconnu les lois, au-delà des intérêts humains. Si l'on considère la banalité du mal qui ronge les Hommes en société, les exemples d'anéantissement du libre arbitre sont légion : dans notre ordinaire quotidien, combien de victimes abusées par notre image commune de la loi de domination consentent-elles à un viol de l’esprit ou de la chair face aux pressions de l'entité sociale et de la hiérarchie sous toutes ses formes ? Bref, de ce point de vue, aucun adulte soumis à la puissance d'un empire n'est aussi responsable qu'on le définit.

 

Et inversement (à la décharge de cette limite d’âge fixée par le législateur) : dans nos gigantesques fourmilières où la guerre de tous contre tous devient une norme économique et sociale paralysant la justice, il est de plus en plus complexe de départager efficacement la présomption d’innocence de l’accusé(e) et celle de l’accusateur. Un paradoxe social que nous devons à l'ironie de l'exercice du pouvoir (ordre) et donc à l'illusion du contrôle d'une "foule" quelconque. La "masse" étant une somme d'individus dont le comportement d'ensemble, si manipulable et prévisible soit-il, demeure chaotique et irrationnel. CQFD (causalité oblige) : malgré le mirage collectif de l'ordre et de la paix qu'elle véhicule, la société moderne amorce une involution vers le chaos et la barbarie "organisés". Autant dire que tout juge ou médecin intègre - n'ignorant pas cette ironie du pouvoir mal acquis - a conscience qu'il devient impossible de gérer un Hôpital qui se moque de la charité, charité dont les gouvernés et les gouvernants ont oublié le sens.

Bilan de la thèse et de l’antithèse : le paradoxe dépasse nettement les prérogatives de la seule justice et concerne un consentement tacite majoritaire à notre mode de vie.

Notons que notre mode de vie contemporain n’est qu’une version récente et globalisée d’un système d’exploitation datant de l’Antiquité et dont il devient urgent de nous réapproprier ENSEMBLE, la nature et les mécanismes. C’est-à-dire la structure même de nos langages depuis la grande révolution de l’écriture alphabétique et des systèmes de numération : chiffres, lettres, symboles, entre autres objets et phénomènes de nature sémantique, arithmétique, géométrique et phonique. Langages et langues véhiculaires dont découlent toutes nos architectures physiques (technologiques), sociales et morales. En quelques mots : les systèmes d’exploitation et les intelligences artificielles propres aux empires que nous avons bâtis dans un esprit de concurrence, au détriment de l’intérêt commun à l’ensemble des matières dites vivantes et inertes.

  

Déconstruire et réparer !


Tout cela soulève une autre question à laquelle le sociologue Pierre Bourdieu a brillamment répondu : la vision individualiste de l’entité sociale est incomplète : sans éthique, sans prévention des risques, sans régulation des leviers du pouvoir et sans considération de la nature holistique de l’univers (ensemble) et des systèmes (sous-ensembles), la société échappe au contrôle de l’Homme et développe d’elle-même une escalade de moyens nourrissant les intérêts particuliers au détriment des besoins communs fondamentaux. Autrement dit, elle abime l’individu qu’elle était censée servir en l’éloignant des lois et des principes du « cosme » qui l’entoure et le constitue.


Revisitons une métaphore judéo-chrétienne :

Bien qu'il ne soit pas véritablement interdit, le fruit de la pensée et de la connaissance est un objet dangereux et consommé depuis fort longtemps par le couple (force - dualité - séparation, division et donc multiplication) originel !


En se séparant du "mental", l'Homme de spiritualité peut trouver la plénitude, néanmoins ce "temple" individuel ne peut nier l'entité sociale que nous avons bâti ensemble et qui exercera son pouvoir fascisant tant que nous ne l'auront pas déconstruit et réparé ensemble.


CAB




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